Lettre à Abdullah (1862)
Généalogie du document
Fonds d'appartenance : Archives du château d'Abbadia. Site d'Hendaye Nom du propriétaire du fonds : Académie des SciencesInventaire d'appartenance : Volume de copies de lettres K Référence inventaire d'appartenance : Volume de copies de lettres K
Détails sur le document
Référence : Volume de copies de lettres K, fol. 137Auteur : Antoine d'Abbadie
Description physique : Correspondance
Format du document : non renseigné
Langues du document :
Description du document
Présentation
Antoine d'Abbadie a rédigé cette lettre, en partie effacée, le 27 mai 1862 à l'attention d'Abdullah, ce jeune éthiopien qui lui avait été offert durant ses voyages d'exploration et qui avait souhaité vivre à ses côtés en Europe. Une statue en bois porte-torchère fut érigée en son honneur au centre du vestibule d'Abbadia, au premier étage.
Le ton de la lettre annonce le retour du jeune homme après plusieurs années d'engagement dans les Turcos et sa participation à plusieurs conflits militaires. Malgré cette longue période d'absence, Abdullah a en effet sollicité l'aide de son ancien maître, lequel accepte de lui tendre la main en imposant les tâches qu'il devra effectuer en tant que domestique, ainsi que les conditions morales qui devront régir son comportement.
D'Abbadie lui raconte en outre les changements opérés durant son absence du point de vue de sa situation familiale et de la vie quotidienne à Aragorri. La lettre s'achève avec le pardon accordé à Abdullah en raison de sa fuite et de ses comportements irrespectueux et dépravés.
La dernière phrase "je te pardonne de tout mon coeur et te voudrai toujours du bien" démontre l'affectation éprouvée par d'Abbadie envers son protégé éthiopien, mais elle n'efface pas pour autant le cadre moral qu'il lui impose comme à l'ensemble des employés du château et de la propriété. Outre l'attachement envers l'Ethiopie et son domestique, cette lettre illustre l'importance des valeurs morales qui régnaient à Aragorri et Abbadia.
Le ton de la lettre annonce le retour du jeune homme après plusieurs années d'engagement dans les Turcos et sa participation à plusieurs conflits militaires. Malgré cette longue période d'absence, Abdullah a en effet sollicité l'aide de son ancien maître, lequel accepte de lui tendre la main en imposant les tâches qu'il devra effectuer en tant que domestique, ainsi que les conditions morales qui devront régir son comportement.
D'Abbadie lui raconte en outre les changements opérés durant son absence du point de vue de sa situation familiale et de la vie quotidienne à Aragorri. La lettre s'achève avec le pardon accordé à Abdullah en raison de sa fuite et de ses comportements irrespectueux et dépravés.
La dernière phrase "je te pardonne de tout mon coeur et te voudrai toujours du bien" démontre l'affectation éprouvée par d'Abbadie envers son protégé éthiopien, mais elle n'efface pas pour autant le cadre moral qu'il lui impose comme à l'ensemble des employés du château et de la propriété. Outre l'attachement envers l'Ethiopie et son domestique, cette lettre illustre l'importance des valeurs morales qui régnaient à Aragorri et Abbadia.
Transcription
Paris rue du bac 104, 27 mai 1862.
J’ai reçu ta lettre du 9 et te félicite d’avoir échappé aux chances de la guerre. Je veux bien te reprendre à mon service, mais comme j’ai enfin pris, il y a cinq mois seulement, un domestique pour te remplacer, et que je suis content de lui, tu aurais en entrant chez moi à aider le jardinier, et surtout à nettoyer les allées autour d’Aragorri, et celles de Larrekayx. Ecris-moi si cela te convient, et si tu promets de bien faire ton ouvrage, je te ferai savoir comment tu me rejoindras quand j’irai à Urrugne dans un mois d’ici. Tu dois te rappeler que je ne veux pas te savoir buvant dans les cabarets, ni jouant aux cartes.
Ma maison est bien rangée à présent, sauf Ganix les sept autres domestiques sont nouveaux. Mariana est morte. On joue beaucoup dans mon jeu de balle que tu as vu construire. [ill.] est aussi fort qu’autrefois [ill.]. Si tu viens nous jouerons [ill.].
Il y a chez moi une maîtresse [ill.] et le service est bien moins compliqué qu’autrefois. Il y a deux, et souvent [ill.] chevaux, trois chiens outre Karkora, une voiture et des porcs de race Pretoria. Quand tu m’écriras, dis-moi si tu sais lire et écrire. Je t’envoie un timbre pour la réponse et un autre pour la lettre que tu m’as écrite. Je te pardonne de tout mon cœur, et te souhaiterai toujours du bien.
Antoine d'Abbadie
J’ai reçu ta lettre du 9 et te félicite d’avoir échappé aux chances de la guerre. Je veux bien te reprendre à mon service, mais comme j’ai enfin pris, il y a cinq mois seulement, un domestique pour te remplacer, et que je suis content de lui, tu aurais en entrant chez moi à aider le jardinier, et surtout à nettoyer les allées autour d’Aragorri, et celles de Larrekayx. Ecris-moi si cela te convient, et si tu promets de bien faire ton ouvrage, je te ferai savoir comment tu me rejoindras quand j’irai à Urrugne dans un mois d’ici. Tu dois te rappeler que je ne veux pas te savoir buvant dans les cabarets, ni jouant aux cartes.
Ma maison est bien rangée à présent, sauf Ganix les sept autres domestiques sont nouveaux. Mariana est morte. On joue beaucoup dans mon jeu de balle que tu as vu construire. [ill.] est aussi fort qu’autrefois [ill.]. Si tu viens nous jouerons [ill.].
Il y a chez moi une maîtresse [ill.] et le service est bien moins compliqué qu’autrefois. Il y a deux, et souvent [ill.] chevaux, trois chiens outre Karkora, une voiture et des porcs de race Pretoria. Quand tu m’écriras, dis-moi si tu sais lire et écrire. Je t’envoie un timbre pour la réponse et un autre pour la lettre que tu m’as écrite. Je te pardonne de tout mon cœur, et te souhaiterai toujours du bien.
Antoine d'Abbadie
Bibliographie
- DELPECH V., Le château d'Abbadia à Hendaye: le monument idéal d'Antoine d'Abbadie, 3 volumes, thèse de doctorat d'Histoire de l'art, Université de Pau et des Pays de l'Adour, 2012.