Lettre à Auguste Magne (1863)
Généalogie du document
Fonds d'appartenance : Archives du château d'Abbadia. Site d'Hendaye Nom du propriétaire du fonds : Académie des SciencesInventaire d'appartenance : Volume de copies de lettres K Référence inventaire d'appartenance : Volume de copies de lettres K
Détails sur le document
Référence : Volume de copies de lettres K, fol. 450Auteur : Antoine d'Abbadie
Description physique : Correspondance
Format du document : non renseigné
Langues du document :
Description du document
Présentation
Antoine d'Abbadie a rédigé cette lettre à l'attention du second architecte employé dans le cadre de son projet de demeure, Auguste-Joseph Magne, le 16 juillet 1863, quelques mois avant sa démission.
Le ton de la lettre montre un certain empressement de la part du commanditaire, qui réclame des mesures destinées au calcul de l'implantation de l'édifice. Cette dernière s'avère particulièrement complexe en raison des points d'observation accessibles exigés par d'Abbadie. La vue du phare de Biarritz depuis le salon se révèle si impérative qu'il impose à l'architecte de retravailler le plan et les élévations en fonction de ce désir. Mais, exaspéré sans doute de la sempiternelle attente dans laquelle Magne le plonge, d'Abbadie préfère prendre les choses en main et effectuer lui-même les vérifications sur place. Ce point extrêmement important occupe ainsi une bonne moitié de la lettre, schéma à l'appui. D'ailleurs, les solutions proposées par l'architecte, notamment l'élargissement des deux ailes, ne conviennent pas à d'Abbadie, qui les rejette systématiquement.
Le savant informe ensuite Magne de quelques éléments supplémentaires de sa commande, particulièrement la question de la forme du vestibule et, donc, du corps central de l'édifice. Là encore, d'Abbadie rejette en bloc, presque rudement, la proposition de l'architecte, qui décidément, au vu de la réaction du savant, ne semble pas à la hauteur de ses espérances. En ordonnant à l'architecte de "se surpasser" au sujet du porche, d'Abbadie montre son exigence extrême vis-à-vis de lui, et la dimension sociale que peut revêtir l'architecture, et notamment l'entrée d'un édifice.
Malgré la courtoisie du message, on sent poindre, par le ton, l'accumulation d'explications et les salutations "empressées" de d'Abbadie, un léger agacement qui laisse présager de l'issue malheureuse et stérile de la collaboration des deux hommes.
Le ton de la lettre montre un certain empressement de la part du commanditaire, qui réclame des mesures destinées au calcul de l'implantation de l'édifice. Cette dernière s'avère particulièrement complexe en raison des points d'observation accessibles exigés par d'Abbadie. La vue du phare de Biarritz depuis le salon se révèle si impérative qu'il impose à l'architecte de retravailler le plan et les élévations en fonction de ce désir. Mais, exaspéré sans doute de la sempiternelle attente dans laquelle Magne le plonge, d'Abbadie préfère prendre les choses en main et effectuer lui-même les vérifications sur place. Ce point extrêmement important occupe ainsi une bonne moitié de la lettre, schéma à l'appui. D'ailleurs, les solutions proposées par l'architecte, notamment l'élargissement des deux ailes, ne conviennent pas à d'Abbadie, qui les rejette systématiquement.
Le savant informe ensuite Magne de quelques éléments supplémentaires de sa commande, particulièrement la question de la forme du vestibule et, donc, du corps central de l'édifice. Là encore, d'Abbadie rejette en bloc, presque rudement, la proposition de l'architecte, qui décidément, au vu de la réaction du savant, ne semble pas à la hauteur de ses espérances. En ordonnant à l'architecte de "se surpasser" au sujet du porche, d'Abbadie montre son exigence extrême vis-à-vis de lui, et la dimension sociale que peut revêtir l'architecture, et notamment l'entrée d'un édifice.
Malgré la courtoisie du message, on sent poindre, par le ton, l'accumulation d'explications et les salutations "empressées" de d'Abbadie, un léger agacement qui laisse présager de l'issue malheureuse et stérile de la collaboration des deux hommes.
Transcription
Paris, 1863 juillet 16
Monsieur,
Pour tracer bien sur le terrain le plan de notre maison et voir si de f (centre du salon) on pourra voir le phare de Biarritz, il sera nécessaire de partir des deux points fixes a et b, angles rentrants de l’observatoire. Ayant prolongé bh et ak qui existent et traçant les angles droits bcg et adf, j'aurai tout ce qu'il me faut pour juger de la chose. Si vous me donnez en mètres et centimètres les longueurs ad, bc, af, ae, cg, bg, où e sera un point extérieur du salon ou de son boudoir que vous désignerez, et g sera le point externe du contrefort de l'angle de la chapelle, n'étant la pile extérieure de l'arche de ce contrefort. Ayant reçu ces mesures, je tracerai le plan et vous rendrai compte du résultat. Je crois que vos mesures prises ainsi sur votre grand plan seront plus exactes que celles du petit plan que vous m'avez envoyé.
Pour ce qui est du réservoir nous désirons que son eau desserve aussi le 1er étage, si l’élégance extérieure de vos reliefs n’en souffre pas.
Pour ce qui est du vestibule il sera toujours irrégulier puisque l’entrée de toute la maison occupe son angle et que toutes les portes devront être subordonnées à cette porte d’angle. La terminaison cintrée (en plan) du vestibule ne nous plaît pas et semble devoir donner un air de chapelle ou même un peu colifichet à cette salle qui doit avoir plus de caractère que de confort.
Quant à l’élargissement des ailes, il ne pourrait avoir lieu qu’aux dépens du porche où je prétends que vous devez vous surpasser.
Je ne serai chez moi que dans 3 semaines. Dès que j'y aurai vos mesures, je vous enverrai le relief du terrain que mon jardinier m'a envoyé d'une façon incompréhensible.
Mon adresse est :
à Béhobie (Basses Pyrénées)
Agréez mes salutations empressées.
Antoine d'Abbadie
A Monsieur Magne, architecte
Monsieur,
Pour tracer bien sur le terrain le plan de notre maison et voir si de f (centre du salon) on pourra voir le phare de Biarritz, il sera nécessaire de partir des deux points fixes a et b, angles rentrants de l’observatoire. Ayant prolongé bh et ak qui existent et traçant les angles droits bcg et adf, j'aurai tout ce qu'il me faut pour juger de la chose. Si vous me donnez en mètres et centimètres les longueurs ad, bc, af, ae, cg, bg, où e sera un point extérieur du salon ou de son boudoir que vous désignerez, et g sera le point externe du contrefort de l'angle de la chapelle, n'étant la pile extérieure de l'arche de ce contrefort. Ayant reçu ces mesures, je tracerai le plan et vous rendrai compte du résultat. Je crois que vos mesures prises ainsi sur votre grand plan seront plus exactes que celles du petit plan que vous m'avez envoyé.
Pour ce qui est du réservoir nous désirons que son eau desserve aussi le 1er étage, si l’élégance extérieure de vos reliefs n’en souffre pas.
Pour ce qui est du vestibule il sera toujours irrégulier puisque l’entrée de toute la maison occupe son angle et que toutes les portes devront être subordonnées à cette porte d’angle. La terminaison cintrée (en plan) du vestibule ne nous plaît pas et semble devoir donner un air de chapelle ou même un peu colifichet à cette salle qui doit avoir plus de caractère que de confort.
Quant à l’élargissement des ailes, il ne pourrait avoir lieu qu’aux dépens du porche où je prétends que vous devez vous surpasser.
Je ne serai chez moi que dans 3 semaines. Dès que j'y aurai vos mesures, je vous enverrai le relief du terrain que mon jardinier m'a envoyé d'une façon incompréhensible.
Mon adresse est :
à Béhobie (Basses Pyrénées)
Agréez mes salutations empressées.
Antoine d'Abbadie
A Monsieur Magne, architecte
Bibliographie
- DELPECH V., Le château d'Abbadia à Hendaye: le monument idéal d'Antoine d'Abbadie, 3 volumes, thèse de doctorat d'Histoire de l'art, Université de Pau et des Pays de l'Adour, 2012.
- FOURREL DE FRETTES S., Le château d’Abbadia (1857-1879), mémoire de maîtrise d’Histoire de l’art contemporain, Université Michel de Montaigne-Bordeaux III, 1994.