Archives d'Abbadia - Notice thématique : Les fêtes basques d'Antoine d'Abbadie
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Date d'impresssion : 03/12/2024
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Histoire et société

Les fêtes basques d'Antoine d'Abbadie

Affiche illustrée des Fêtes de Saint-Jean-de-Luz en 1892
Affiche illustrée des Fêtes de Saint-Jean-de-Luz en 1892
En dépit de son exil de ving-cinq ans, le Pays basque ne fut jamais loin du coeur d'Arnauld-Michel d'Abbadie. Dès son installation à Toulouse en 1818, le père de famille s'investit sans plus attendre dans la valorisation de la culture basque, en promouvant les travaux linguistiques et philologiques de l'abbé Darrigol et du professeur Delécluze.

Antoine d'Abbadie voulut sans doute suivre les pas de son père, qui l'avait sensibilisé à la culture de ses ancêtres par ses actions et leurs séjours fréquents sur la côte basque. 

 
Page de garde de l'ouvrage publié par Augustin Chaho et Antoine d'Abbadie en 1836 - Crédit : Bibliothèque de ChantillyAu début des années 1830, Antoine d'Abbadie fit la connaissance d'Augustin Chaho, jeune journaliste souletin s'intéressant à l'étude du peuple basque. Ensemble ils publièrent, en 1836, les Etudes grammaticales sur la langue euskarienne, consacrées à l'analyse du complexe système linguistique basque, contribuant ainsi, à leur tour, à l'émergence de la bascophilie. 


Après son retour d'Ethiopie, en 1850, Antoine d'Abbadie décida de se consacrer pleinement à la culture basque, qu'il avait nécessairement délaissée durant douze ans. Cet engagement s'inscrit dans un contexte de réaction identitaire exprimée aux niveaux nationaux, avec la genèse des Etats nations, et régionaux, avec les revendications florissantes des cultures locales. Aussi d'Abbadie estimait-il l'identité et la langue basques dévaluées par les réformes de la Révolution de 1789 et le pouvoir centralisé de Paris.


Affiche de la première édition des concours basques lors des fêtes patronales d'Urrugne en 1851 - Crédit : Bibliothèque nationale de FranceC'est pourquoi il institua, à partir de 1851 à Urrugne, des concours annuels de pelote et de vers basques. Rapidement ces jeux s'étendirent aux sept provinces Nord et Sud du Pays basque et à une palette de pratiques représentative des us et coutumes locales. Ces grandes fêtes basques furent baptisés Lore jokoak - ou Jeux floraux - en référence aux joutes oratoires du Midi de la France et de Catalogne. Chaque année, une commune basque était désignée pour accueillir, dès lors, ces rencontres populaires qui insufflèrent un renouveau dans l'identité et la culture euskaldun et constituent sans doute les ancêtres des fêtes d'aujourd'hui. 


Ces concours avaient lieu dans le cadre des fêtes patronales des communes désignés ou volontaires pour les accueillir. Les treize premières années, de 1851 à 1863, c'est Urrugne qui organisait ces rassemblements ludiques et populaires. Puis le village de Sare lui succéda à partir de 1863 jusqu'en 1876. Par la suite, les Jeux Floraux, connaissant un franc succès, furent exportés de village en village de part et d'autre de la frontière et survécurent une trentaine d'années après le décès de d'Abbadie.


Ramiro Arrue, La fête basque : danse au cerceau et txistulari, huile sur panneau, vers 1925, collection particulière - Crédit : Hôtel DrouotLe Jeux Floraux proposaient des concours multiples dans un contexte de convivialité et d'animations traditionnelles. Sur fond de chants basques, de bals ou encore de feux d'artifice, les concurrents prenaient place pour s'affronter dans les concours de bertsolari - joutes oratoires de vers improvisés et chantés -, d'irrintzina - cri long et strident énoncé par les bergers -, de danses, telles que l'aurresku - ou danse d'hommage - et l'ezpata dantza - ou danse de l'Epée -, mais aussi des courses de porteuses de cruches ou encore des concours d'élevage bovin. Dans les domaines littéraires, un jury de personnalités était constitué en amont, de même que les sujets des concours poétiques furent imposés à certaines périodes.

Les meilleurs concurrents, tous jeux confondus, recevaient des makila - ou canne de berger -, des bourses et pièces d'or, des sommes d'argent ou encore des ceintures de soie. Les vainqueurs des poèmes avaient en outre le privilège de voir leur oeuvre imprimée et placardée sur les places publiques. D'Abbadie finançait lui-même de nombreux prix, mais ses proches aimaient aussi jouer les mécènes, ce qui était, entre autres, le cas de Virginie d'Abbadie qui soutenait les concours d'irrintzina. Comme l'affirmait l'éminent historien et anthropologue Pierre Bidart, le peuple basque se réunissait, grâce à l'initiative d'Antoine d'Abbadie, dans des fêtes totales, célébrant l'âme basque. 


Pierre Ribera, Danse nationale, huile sur toile, 1900, musée Basque et de l'Histoire de Bayonne - Crédit : Musée Basque et de l'Histoire de Bayonne Bien qu'il ne s'agisse pas d'une initiative exclusive car de nombreuses autres populations régionales instaurèrent ce genre de célébrations de leurs folklores et de leurs traditions, cette contribution n'en demeure pas moins fondamentale pour la renaissance identitaire basque à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. A tel point que les Basques rendirent hommage à d'Abbadie en lui offrant l'élogieux surnom de Euskaldunen Aïta, le père des Basques. A Saint-Jean-de-Luz en 1892, ils lui remirent un makila d'honneur pour lui exprimer leur reconnaissance d'avoir su préserver leur culture et leur identité. En dépit de la profusion de ses travaux scientifiques, le souvenir de d'Abbadie a particulièrement bien perduré auprès du peuple basque, qui, il y a seulement quelques années par exemple, lui dédiait encore une pastorale. 


Les Jeux floraux, qui célébraient les coutumes ancestrales basques, font désormais l'objet eux-mêmes d'une renaissance, grâce à l'initiative du village de Vera de Bidassoa, en province de Guipuzcoa, qui, après avoir accueilli les concours du vivant de d'Abbadie, en organise de nos jours.
Carte d'identité

Carte d'identité

Rubrique : Histoire et société
Toponymie : Thème : Style : Période : Datation précise : 1851
Auteur de la notice : Viviane Delpech
Mise en ligne : 07/08/2014
Mise à jour : 07/08/2014
Droits de diffusion : Communication soumise à autorisation, reproduction soumise à autorisation
Droits d'auteur : © www.archives-abbadia.fr
Ressources externes

Ressources externes

Bibliographie

  • ABBADIE A. (d’), CHAHO A., Etudes grammaticales sur la langue euskarienne, Arthus Bertrand, Paris, 1836.
  • BIDART P. "Ethnographie et esthétique des traditions populaires basques dans les concours de poésie basque" , in URKIZU P. (dir.), Antoine d’Abbadie (1897-1997), actes du congrès International, Eusko Ikaskuntza/Euskaltzaindia, Bayonne/Donostia-San Sebastian, 1998, p.263-288.
  • DAVANT J.-L., "Lore Jokoak. Les jeux floraux d'Antoine d'Abbadie", in DERCOURT J. (dir.), Antoine d'Abbadie, de l'Abyssinie au Pays basque. Voyage d'une vie, Atlantica, Biarritz, 2010, p.43-73.
  • GOYHENETCHE M., "Antoine d'Abbadie, intermédiaire social et culturel du Pays basque du XIXe siècle?", in URKIZU P. (dir.), Antoine d’Abbadie (1897-1997), actes du congrès International, Eusko Ikaskuntza/Euskaltzaindia, Bayonne/Donostia-San Sebastian, 1998, p.175-208.
  • URKIZU P. (dir.), Antoine d’Abbadie (1897-1997), Congrès International, Hendaye/Sare, 1997, Editions Eusko Ikaskuntza, Donostia-San Sebastián, 1998. 
  • URKIZU P., Antoine d’Abbadie (1810-1897), Atlantica, Biarritz, 2011.

Autres sources

  • COYOS ETXEBARNE B. (dir.), Hommage à Augustin Chaho - deux-centième anniversaire de sa naissance, Lankidetzan, n°61, Eusko Ikaskuntza, Donostia-San Sebastian, 2013.
  • ZABALTZA X., Augustin Chaho (1811-1858) Un précurseur incompris, Gobierno Vasco, Vitoria-Gasteiz, 2011. 
  • "Antton Abbadia y los Juegos florales" in Aunamendi Eusko Entziklopedia [En ligne], réf. du 20 juillet 2014. URL: http://www.euskomedia.org/aunamendi/153835/141284

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Pour citer cette notice : Viviane Delpech, "Les fêtes basques d'Antoine d'Abbadie", in Ville d'Hendaye/DRAC Aquitaine, Archives d'Abbadia. Patrimoine du XIXe siècle [En ligne], mis en ligne 07/08/2014, consulté le 03/12/2024. URL : http://www.archives-abbadia.fr/notice_thematique_28.htm
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