Lettre à Sélina d'Abbadie (1857)
Généalogie du document
Fonds d'appartenance : Archives du château d'Abbadia. Site d'Hendaye Nom du propriétaire du fonds : Académie des SciencesInventaire d'appartenance : Volume de copies de lettres H Référence inventaire d'appartenance : Volume de copies de lettres H
Détails sur le document
Référence : Volume de copies de lettres H, fol. 240Auteur : Antoine d'Abbadie
Description physique : Correspondance
Format du document : non renseigné
Langues du document :
Description du document
Présentation
Antoine d'Abbadie a rédigé cette lettre le 22 novembre 1857 à l'attention de sa soeur Sélina, religieuse alors missionnée dans un couvent de Milan.
La principale nouvelle est constituée par l'annonce du mariage, la veille, de leur plus jeune frère Charles, avec Marie Coulomb, issue d'une famille bourgeoise du Sud-Ouest. La confession protestante de cette dernière explique pourquoi l'une des cérémonies des noces eut lieu au sein d'un temple. De même, cette union n'est tolérée par la famille d'Abbadie que parce que les conjoints s'engagent à élever leurs enfants dans le catholicisme. D'Abbadie apprécia beaucoup sa belle-soeur dans un premier temps, l'estimant une femme d'esprit. Elle publiera d'ailleurs, quarante ans plus tard, des études sur les femmes et l'alcoolisme au Pays basque. C'est la naissance de la première fille de Charles, éduquée au protestantisme, qui scellera définitivement la rupture entre les deux frères.
Une grande partie de la lettre est en outre consacrée à la gestion des biens financiers de Sélina et de la fratrie d'Abbadie, qui vient de vendre l'ancienne propriété d'Espès, située près d'Arrast. Depuis le décès de leur père en 1832, le savant est en effet responsable de la distribution des revenus à l'attention des divers membres de sa famille.
Cette lettre illustre les relations entretenues entre Antoine d'Abbadie et sa soeur Sélina, qu'il affectionnait parculièrement et qu'il aimait protéger. C'est sans doute d'elle dont il était finalement le plus proche. Le document présage aussi des conflits familiaux ultérieurs, générés sur fond de tolérance et d'intolérance religieuse, notamment vis-à-vis de Charles et son épouse.
La principale nouvelle est constituée par l'annonce du mariage, la veille, de leur plus jeune frère Charles, avec Marie Coulomb, issue d'une famille bourgeoise du Sud-Ouest. La confession protestante de cette dernière explique pourquoi l'une des cérémonies des noces eut lieu au sein d'un temple. De même, cette union n'est tolérée par la famille d'Abbadie que parce que les conjoints s'engagent à élever leurs enfants dans le catholicisme. D'Abbadie apprécia beaucoup sa belle-soeur dans un premier temps, l'estimant une femme d'esprit. Elle publiera d'ailleurs, quarante ans plus tard, des études sur les femmes et l'alcoolisme au Pays basque. C'est la naissance de la première fille de Charles, éduquée au protestantisme, qui scellera définitivement la rupture entre les deux frères.
Une grande partie de la lettre est en outre consacrée à la gestion des biens financiers de Sélina et de la fratrie d'Abbadie, qui vient de vendre l'ancienne propriété d'Espès, située près d'Arrast. Depuis le décès de leur père en 1832, le savant est en effet responsable de la distribution des revenus à l'attention des divers membres de sa famille.
Cette lettre illustre les relations entretenues entre Antoine d'Abbadie et sa soeur Sélina, qu'il affectionnait parculièrement et qu'il aimait protéger. C'est sans doute d'elle dont il était finalement le plus proche. Le document présage aussi des conflits familiaux ultérieurs, générés sur fond de tolérance et d'intolérance religieuse, notamment vis-à-vis de Charles et son épouse.
Transcription
Paris, rue Bellechasse, 1857 novbre [novembre] 22
Ma chère Sélina,
Je t'ai écrit le 1er de ce mois pour te dire que tu ferais bien selon moi d'envoyer à Arnauld une procuration spéciale pour vendre f.7700 [7700 francs] de tes rentes ou 4 1/2 % [4.5%] afin de payer les 7 nouvelles actions de la Banque. J'attends encore ta réponse, ou pour parler plus juste, Arnauld attend encore.
J'ai deux nouvelles pour toi. A force de peser sur Charles, nous avons obtenu qu'il se mariât à l'Eglise, ce qui ne peut se faire qu'après que les deux conjoints ont signé à l'Archevêché la promesse que tous leurs enfants seront catholiques. Hier donc, nous avons, tous, (sauf Julienne restée chez elle près son mari malade) assisté au mariage à la mairie, puis à l'église, puis au temple où M. de Ravignan permit à Eliza et à moi d'assister comme témoins. Charles et sa femme sont partis hier soir pour les Pyrénées, au château d'Arnauld. Nous sommes tous très contents de Mme Charles d'Abbadie. Elle a un esprit sérieux et élevé.
Mon autre nouvelle est que je remets à Arnauld pour toi mille francs provenant de la vente d'Espès. Tu toucheras là-dessus environ 3000 f. encore et tu pourras donner ta procuration à 4700 f. à vendre de tes 4 et 1/2 pour cent.
Je compte quitter Paris demain pour voir Montalembert qui était souffrant. Puis j'irai à Koenigsberg. Ton silence me fait craindre que tu ne sois pas bien. Que notre Bonne Mère rende cette crainte vaine ! Je resterai encore 3 semaines en France. Il n'y eut pas un repas au mariage, mais de beaux cadeaux échangés. Très pressé, je n'ai que le temps de te dire que je te recommande à la Sainte Vierge. Si tu es malade, je partirai pour Milan ; ainsi écris, ou fais écrire.
Toujours à toi.
Antoine d'Abbadie
Mille choses de la part d'Arnauld
[ill.] Barbet de Jouy, 34
Ma chère Sélina,
Je t'ai écrit le 1er de ce mois pour te dire que tu ferais bien selon moi d'envoyer à Arnauld une procuration spéciale pour vendre f.7700 [7700 francs] de tes rentes ou 4 1/2 % [4.5%] afin de payer les 7 nouvelles actions de la Banque. J'attends encore ta réponse, ou pour parler plus juste, Arnauld attend encore.
J'ai deux nouvelles pour toi. A force de peser sur Charles, nous avons obtenu qu'il se mariât à l'Eglise, ce qui ne peut se faire qu'après que les deux conjoints ont signé à l'Archevêché la promesse que tous leurs enfants seront catholiques. Hier donc, nous avons, tous, (sauf Julienne restée chez elle près son mari malade) assisté au mariage à la mairie, puis à l'église, puis au temple où M. de Ravignan permit à Eliza et à moi d'assister comme témoins. Charles et sa femme sont partis hier soir pour les Pyrénées, au château d'Arnauld. Nous sommes tous très contents de Mme Charles d'Abbadie. Elle a un esprit sérieux et élevé.
Mon autre nouvelle est que je remets à Arnauld pour toi mille francs provenant de la vente d'Espès. Tu toucheras là-dessus environ 3000 f. encore et tu pourras donner ta procuration à 4700 f. à vendre de tes 4 et 1/2 pour cent.
Je compte quitter Paris demain pour voir Montalembert qui était souffrant. Puis j'irai à Koenigsberg. Ton silence me fait craindre que tu ne sois pas bien. Que notre Bonne Mère rende cette crainte vaine ! Je resterai encore 3 semaines en France. Il n'y eut pas un repas au mariage, mais de beaux cadeaux échangés. Très pressé, je n'ai que le temps de te dire que je te recommande à la Sainte Vierge. Si tu es malade, je partirai pour Milan ; ainsi écris, ou fais écrire.
Toujours à toi.
Antoine d'Abbadie
Mille choses de la part d'Arnauld
[ill.] Barbet de Jouy, 34
Bibliographie
- DELPECH V., Le château d'Abbadia à Hendaye: le monument idéal d'Antoine d'Abbadie, 3 volumes, thèse de doctorat d'Histoire de l'art, Université de Pau et des Pays de l'Adour, 2012.