Lettre à Arnauld d'Abbadie (1864)
Généalogie du document
Fonds d'appartenance : Archives du château d'Abbadia. Site d'Hendaye Nom du propriétaire du fonds : Académie des SciencesInventaire d'appartenance : Volume de copies de lettres L Référence inventaire d'appartenance : Volume de copies de lettres L
Détails sur le document
Référence : Volume de copies de lettres L, fol. 362.Auteur : Antoine d'Abbadie
Description physique : Correspondance
Format du document : non renseigné
Langues du document :
Description du document
Présentation
Antoine d'Abbadie rédigea cette lettre en octobre 1864 à l'attention de son frère Arnauld, qui était en pourparlers au sujet de son mariage. Le ton n'y est pas aussi chaleureux que dans la correspondance antérieure, car quelques points de désaccords viennent porter ombrage aux noces annoncées.
L'homme baptisé M. Rio, évoqué par d'Abbadie, est l'avoué qui se charge des affaires matrimoniales d'Arnauld. Au regard des nombreuses difficultés logistiques et médicales invoquées ici, il semble bien que le savant n'ait ni l'intention ni l'envie de s'entretenir avec ce personnage. Arnauld désire en effet épouser une jeune femme américaine, nommée Elizabeth West-Young, protestante convertie au catholicisme dont le père n'a pu donné le consentement de mariage parce que, vivant aux Etats-Unis, il est introuvable. Toutefois, à ce stade des évènements, les frères d'Abbadie demeurent en contact malgré le refroidissement de leur relation.
Le frère aîné évoque encore les sujets qui le préoccupent personnellement, en l'occurrence la santé de son épouse, les comptes familiaux et la construction de son château qui commence enfin concrètement. Une once d'optimisme est d'ailleurs perceptible quant à ce chantier, mais rapidement elle laissera place à une impatience constante.
Ce document constitue l'une des dernières lettres envoyées par d'Abbadie à son frère Arnauld, mais elle illustre encore, et pour seulement quelques mois, la relation intime entretenue par les deux hommes. La variété des sujets abordés permet, dans ce type de correspondance, de glaner des informations nombreuses et éclectiques, telles que, par exemple, des éléments sur le suivi chronologique du chantier d'Abbadia.
L'homme baptisé M. Rio, évoqué par d'Abbadie, est l'avoué qui se charge des affaires matrimoniales d'Arnauld. Au regard des nombreuses difficultés logistiques et médicales invoquées ici, il semble bien que le savant n'ait ni l'intention ni l'envie de s'entretenir avec ce personnage. Arnauld désire en effet épouser une jeune femme américaine, nommée Elizabeth West-Young, protestante convertie au catholicisme dont le père n'a pu donné le consentement de mariage parce que, vivant aux Etats-Unis, il est introuvable. Toutefois, à ce stade des évènements, les frères d'Abbadie demeurent en contact malgré le refroidissement de leur relation.
Le frère aîné évoque encore les sujets qui le préoccupent personnellement, en l'occurrence la santé de son épouse, les comptes familiaux et la construction de son château qui commence enfin concrètement. Une once d'optimisme est d'ailleurs perceptible quant à ce chantier, mais rapidement elle laissera place à une impatience constante.
Ce document constitue l'une des dernières lettres envoyées par d'Abbadie à son frère Arnauld, mais elle illustre encore, et pour seulement quelques mois, la relation intime entretenue par les deux hommes. La variété des sujets abordés permet, dans ce type de correspondance, de glaner des informations nombreuses et éclectiques, telles que, par exemple, des éléments sur le suivi chronologique du chantier d'Abbadia.
Transcription
Aragorri, 1864 octobre 7
Mon cher Arnauld,
Rendu demi stupide par mes maux de tête constants qui me dénient le travail, j'ai eu la plus grande peine à prendre la plume pour répondre à ta lettre du 2 courant.
Ma femme est enfin sortie d'ici pour la 1ère fois depuis son arrivée afin d'aller entendre la messe anniversaire de la mort de sa mère, et elle est encore toute éreintée de sa course faite pourtant au pas de son cheval.
Comme tu me fais pressentir l'aimable intention de M. Rio qui voudrait venir ici, je dois te dire que l'ancien chemin fait par moi n'est plus carrossable, et que le nouveau chemin d'ici à Hendaye n'est pas assez fini pour qu'on puisse le parcourir en voiture à moins d'aller au pas, et au besoin, de descendre de temps en temps. Je ne puis trouver de chevaux pour ma voiture, et Hendaye ne fournit encore qu'un voiture misérable. Je crains donc que la course jusqu'à Aragorri ne soit une trop forte épreuve pour la faible santé de M. Rio. Dans le cas où il jugerait la chose de la même façon que moi, fais-moi savoir par télégraphe à Aizpurdi (Hendaye) le moment de votre arrivée à Bayonne afin que je puisse y aller moi-même au devant de vous.
La construction de notre maison avance assez vite, et si le beau temps continue, les caves pourront être toutes couvertes de voûtes au bout d'un mois. C'est aujourd'hui seulement que pour la première fois j'ai pu examiner les comptes de dépenses.
Une course à Bayonne me fera du bien et je n'ai pas besoin de te dire que si M. Rio peut monter à cheval et renonce à venir jusqu'ici, tu seras toujours le bienvenu à Aragorri. En attendant ta venue, je vais faire ma course en Soule où je resterai cinq à six jours.
Toujours à toi
Antoine d'Abbadie
Mon cher Arnauld,
Rendu demi stupide par mes maux de tête constants qui me dénient le travail, j'ai eu la plus grande peine à prendre la plume pour répondre à ta lettre du 2 courant.
Ma femme est enfin sortie d'ici pour la 1ère fois depuis son arrivée afin d'aller entendre la messe anniversaire de la mort de sa mère, et elle est encore toute éreintée de sa course faite pourtant au pas de son cheval.
Comme tu me fais pressentir l'aimable intention de M. Rio qui voudrait venir ici, je dois te dire que l'ancien chemin fait par moi n'est plus carrossable, et que le nouveau chemin d'ici à Hendaye n'est pas assez fini pour qu'on puisse le parcourir en voiture à moins d'aller au pas, et au besoin, de descendre de temps en temps. Je ne puis trouver de chevaux pour ma voiture, et Hendaye ne fournit encore qu'un voiture misérable. Je crains donc que la course jusqu'à Aragorri ne soit une trop forte épreuve pour la faible santé de M. Rio. Dans le cas où il jugerait la chose de la même façon que moi, fais-moi savoir par télégraphe à Aizpurdi (Hendaye) le moment de votre arrivée à Bayonne afin que je puisse y aller moi-même au devant de vous.
La construction de notre maison avance assez vite, et si le beau temps continue, les caves pourront être toutes couvertes de voûtes au bout d'un mois. C'est aujourd'hui seulement que pour la première fois j'ai pu examiner les comptes de dépenses.
Une course à Bayonne me fera du bien et je n'ai pas besoin de te dire que si M. Rio peut monter à cheval et renonce à venir jusqu'ici, tu seras toujours le bienvenu à Aragorri. En attendant ta venue, je vais faire ma course en Soule où je resterai cinq à six jours.
Toujours à toi
Antoine d'Abbadie
Bibliographie
- DELPECH V., Le château d'Abbadia à Hendaye: le monument idéal d'Antoine d'Abbadie, 3 volumes, thèse de doctorat d'Histoire de l'art, Université de Pau et des Pays de l'Adour, 2012.
- GOYHENETCHE M., "Antoine d'Abbadie, intermédiaire social et culturel du Pays basque du XIXe siècle?", in URKIZU P. (dir.), Antoine d’Abbadie (1897-1997), actes du congrès International, Eusko Ikaskuntza/Euskaltzaindia, Bayonne/Donostia-San Sebastian, 1998, p.175-208.