Lettre à Clément Parent (1857)
Généalogie du document
Fonds d'appartenance : Archives du château d'Abbadia. Site d'Hendaye Nom du propriétaire du fonds : Académie des SciencesInventaire d'appartenance : Volume de copies de lettres H Référence inventaire d'appartenance : Volume de copies de lettres H
Détails sur le document
Référence : Volume de copies de lettres H, fol.37Auteur : Antoine d'Abbadie
Description physique : Correspondance
Format du document : non renseigné
Langues du document :
Description du document
Présentation
Antoine d'Abbadie rédigea cette lettre, aujourd'hui difficilement lisible, à l'attention de l'architecte Clément Parent le 25 janvier 1857, au moment de l'élaboration des plans de l'observatoire d'Abbadia. Remettant à une date ultérieure la réflexion sur l'habitation, les deux hommes se consacraient alors concrètement au lieu d'étude, qui était une priorité pour d'Abbadie. Ce dernier, non encore marié, se contentait encore de demeurer dans sa ferme Aragorri et, en tant que savant membre correspondant de l'Académie des sciences depuis cinq ans, désirait avant tout aménager un site idéal pour mener ses travaux.
Par la présente lettre, d'Abbadie apporte, avec une multitude de détails, d'importants éléments de précision concernant la commande de son laboratoire. L'architecte doit en effet relever le défi d'intégrer à ses plans les contraintes de la disposition d'instruments scientifiques, calculée en fonction de divers points d'observation. A cette époque, d'Abbadie imagine encore l'installation d'un dôme mesurant deux mètres de hauteur et doté d'une petite trappe s'ouvrant sur le ciel, projet qu'il abandonnera. Il conservera en revanche le principe des piliers supportant des lunettes astronomiques ou des miroirs.
Après s'être largement étendu sur les dispositions intérieures, le savant laisse carte blanche à l'architecte concernant les élévations de l'observatoire, à ceci près qu'il exige un édifice de caractère.
Cette lettre illustre l'extrême exigence et l'importance des interventions de d'Abbadie auprès de ses architectes durant la conception du projet architectural et tout au long du chantier. Elle commence à renseigner, en outre, sur l'organisation et la nature des instruments d'observation équipant son observatoire d'Abbadia, démontrant l'ampleur exceptionnel de ce projet privé.
Par la présente lettre, d'Abbadie apporte, avec une multitude de détails, d'importants éléments de précision concernant la commande de son laboratoire. L'architecte doit en effet relever le défi d'intégrer à ses plans les contraintes de la disposition d'instruments scientifiques, calculée en fonction de divers points d'observation. A cette époque, d'Abbadie imagine encore l'installation d'un dôme mesurant deux mètres de hauteur et doté d'une petite trappe s'ouvrant sur le ciel, projet qu'il abandonnera. Il conservera en revanche le principe des piliers supportant des lunettes astronomiques ou des miroirs.
Après s'être largement étendu sur les dispositions intérieures, le savant laisse carte blanche à l'architecte concernant les élévations de l'observatoire, à ceci près qu'il exige un édifice de caractère.
Cette lettre illustre l'extrême exigence et l'importance des interventions de d'Abbadie auprès de ses architectes durant la conception du projet architectural et tout au long du chantier. Elle commence à renseigner, en outre, sur l'organisation et la nature des instruments d'observation équipant son observatoire d'Abbadia, démontrant l'ampleur exceptionnel de ce projet privé.
Transcription
Paris, 1857 janvier 25
Monsieur,
Je vous ai envoyé il y a peu de jours les dimensions et positions des massifs essentiels de mon observatoire c’est-à-dire les massifs A, B, et C du croquis ci-inclus. Les piliers D et B qui porteront des miroirs ou des lunettes correspondant aux massifs B et C peuvent être un peu plus loin ou un peu plus près de ces derniers. Les alcôves ont été ajoutées comme ornement par une personne qui n’est pas architecte. Pour n’avoir pas de n à m une fente qui est toujours disgrâcieuse, on propose de mettre quelques mètres de hauteur entre le sol et la corniche qui porterait un dôme tournant en fer avec une trappe de 60 c [centimètres] de large et qui remplacerait la fente. Le mécanisme pour tourner le dôme serait par exemple en H. On utiliserait une des alcôves pour un escalier descendant dans le souterrain étroit qui aboutit au centre du massif A. Les lunettes qui [ill.] selon les lignes tracées, ont assez chacune d’une lucarne pour voir le ciel de sorte que vous pourrez agencer les fenêtres comme il vous plaira. Les petites fenêtres dans les alcôves sont pour retenir les pendules qu'on propose d'y placer. Si vous trouvez 5 mt [mètres] trop dans la hauteur, on pourrait mettre les dalles ou le parquet en contrebas du sol. Pour économiser la très forte dépense d'une lunette de 8 mt [mètres] de long, je propose la même lunette plutôt en B et tombant en C.
Cet intérieur de 10 mt de diamètre me plaît et me suffit mais je crains que l’extérieur ne soit disgracieux et le raccordement des massifs avec la maison d’habitation me semble bizarre, mais je livre ces deux remarques à votre appréciation qui est bien plus éclairée et plus sûre que la mienne quand il s’agit d’une question d’art et de goût.
Je partirai dans quelques jours pour Berlin et j’espère être ici à la fin du mois prochain. Je vous ai donné beaucoup de peine pour mon observatoire mais je désire qu’on le trouve assez bien à l’extérieur pour me demander quel architecte l’a dessiné. Le dôme dormant aurait 2 mt [mètres] 50 de flèche, plus ou moins. Dès mon retour à Paris, je m'informerai avec anxiété de vos décisions.
Agréez tous mes sentiments de considération.
Antoine d'Abbadie.
Monsieur,
Je vous ai envoyé il y a peu de jours les dimensions et positions des massifs essentiels de mon observatoire c’est-à-dire les massifs A, B, et C du croquis ci-inclus. Les piliers D et B qui porteront des miroirs ou des lunettes correspondant aux massifs B et C peuvent être un peu plus loin ou un peu plus près de ces derniers. Les alcôves ont été ajoutées comme ornement par une personne qui n’est pas architecte. Pour n’avoir pas de n à m une fente qui est toujours disgrâcieuse, on propose de mettre quelques mètres de hauteur entre le sol et la corniche qui porterait un dôme tournant en fer avec une trappe de 60 c [centimètres] de large et qui remplacerait la fente. Le mécanisme pour tourner le dôme serait par exemple en H. On utiliserait une des alcôves pour un escalier descendant dans le souterrain étroit qui aboutit au centre du massif A. Les lunettes qui [ill.] selon les lignes tracées, ont assez chacune d’une lucarne pour voir le ciel de sorte que vous pourrez agencer les fenêtres comme il vous plaira. Les petites fenêtres dans les alcôves sont pour retenir les pendules qu'on propose d'y placer. Si vous trouvez 5 mt [mètres] trop dans la hauteur, on pourrait mettre les dalles ou le parquet en contrebas du sol. Pour économiser la très forte dépense d'une lunette de 8 mt [mètres] de long, je propose la même lunette plutôt en B et tombant en C.
Cet intérieur de 10 mt de diamètre me plaît et me suffit mais je crains que l’extérieur ne soit disgracieux et le raccordement des massifs avec la maison d’habitation me semble bizarre, mais je livre ces deux remarques à votre appréciation qui est bien plus éclairée et plus sûre que la mienne quand il s’agit d’une question d’art et de goût.
Je partirai dans quelques jours pour Berlin et j’espère être ici à la fin du mois prochain. Je vous ai donné beaucoup de peine pour mon observatoire mais je désire qu’on le trouve assez bien à l’extérieur pour me demander quel architecte l’a dessiné. Le dôme dormant aurait 2 mt [mètres] 50 de flèche, plus ou moins. Dès mon retour à Paris, je m'informerai avec anxiété de vos décisions.
Agréez tous mes sentiments de considération.
Antoine d'Abbadie.
Bibliographie
- DELPECH V., Le château d'Abbadia à Hendaye: le monument idéal d'Antoine d'Abbadie, 3 volumes, thèse de doctorat d'Histoire de l'art, Université de Pau et des Pays de l'Adour, 2012.
- FOURREL DE FRETTES S., Le château d’Abbadia (1857-1879), mémoire de maîtrise d’Histoire de l’art contemporain, Université Michel de Montaigne-Bordeaux III, 1994.
- POIRIER J-P., TURNER A., Antoine d’Abbadie, coll. Mémoires de la Science, Académie des Sciences & les auteurs, 2002.
- SOULU F., "D'un observatoire à une station d'observation : Abbadia (1858-1975)", in NOE J. (de la), SOUBIRAN C. (dir.), La (re)fondation des observatoires astronomiques sous la IIIe République, Presses Universitaires de Bordeaux, 2011, p.277-291.