Lettre à Eliza Glais-Bizoin (1864)
Généalogie du document
Fonds d'appartenance : Archives du château d'Abbadia. Site d'Hendaye Nom du propriétaire du fonds : Académie des SciencesInventaire d'appartenance : Volume de copies de lettres L Référence inventaire d'appartenance : Volume de copies de lettres L
Détails sur le document
Référence : Volume de copies de lettres L, fol. 337Auteur : Antoine d'Abbadie
Description physique : Correspondance
Format du document : non renseigné
Langues du document :
Description du document
Présentation
Antoine d'Abbadie rédigea cette lettre en septembre 1864 à l'attention de sa soeur aînée Eliza, mariée à l'homme politique Alexandre Glais-Bizoin, dont il demande quelques nouvelles. Le savant y aborde des sujets relativement divers et relevant de la vie intime familiale.
Ce document a été écrit quelques semaines avant le mariage de leur frère Arnauld avec une jeune femme américaine, convertie au catholicisme, nommée Elizabeth West-Young. A ce stade, Arnauld laisse peu d'informations circuler sur ses intentions, ce qui suscite de nombreuses interrogations de sa fratrie.
D'Abbadie évoque également les aménagements paysagers de son domaine, sujet dont il avait l'habitude de traiter avec son beau-frère qui, dès le début des années 1850, lui dispensait souvent des conseils. Le savant est, à ce moment précis, désespéré de l'état des voies de communication dont il avait financé les réparations et l'entretien.
Cette lettre témoigne enfin des relations affectueuses liant Antoine d'Abbadie et sa soeur aînée Eliza, qu'il considérait comme sa confidente. L'impatience et la curiosité concernant les agissements d'Arnauld laisseront rapidement place à un conflit motivé par le respect drastique de la morale chrétienne et des codes de l'Ancien régime. Les relations avec Eliza, quoique toujours existantes, seront, en outre, assombries par les agissements de son époux concernant les questions d'héritage après le décès de leur mère Elizabeth Thompson.
Ce document a été écrit quelques semaines avant le mariage de leur frère Arnauld avec une jeune femme américaine, convertie au catholicisme, nommée Elizabeth West-Young. A ce stade, Arnauld laisse peu d'informations circuler sur ses intentions, ce qui suscite de nombreuses interrogations de sa fratrie.
D'Abbadie évoque également les aménagements paysagers de son domaine, sujet dont il avait l'habitude de traiter avec son beau-frère qui, dès le début des années 1850, lui dispensait souvent des conseils. Le savant est, à ce moment précis, désespéré de l'état des voies de communication dont il avait financé les réparations et l'entretien.
Cette lettre témoigne enfin des relations affectueuses liant Antoine d'Abbadie et sa soeur aînée Eliza, qu'il considérait comme sa confidente. L'impatience et la curiosité concernant les agissements d'Arnauld laisseront rapidement place à un conflit motivé par le respect drastique de la morale chrétienne et des codes de l'Ancien régime. Les relations avec Eliza, quoique toujours existantes, seront, en outre, assombries par les agissements de son époux concernant les questions d'héritage après le décès de leur mère Elizabeth Thompson.
Transcription
Aragorri, 1864 septembre 16
Ma chère Eliza,
J'étais absent pour donner mes prix basques annuels quand j'ai reçu ta lettre du 9. Epuisée par trop d'énergie dans Paris, ma femme est tombée malade en arrivant ici. Elle est mieux maintenant, mais pas assez pour faire 5 kilomètres à pied (distance de l'église) ni même à cheval, de sorte qu'elle est encore privée de la messe depuis son arrivée ici. L'état des chemins pour lesquels j'ai dépensé tant d'argent, de paroles, et de lettres et visites, est encore tel que notre voiture est, depuis plus d'un an, un meuble inutile. Je ne vois pas encore de solution ni d'amélioration prochaine soit pour la santé de ma femme soit pour la réparation des chemins.
Je sais en effet une partie des intentions d'Arnauld qui est à Paris, à ce qu'il paraît, et encore souffrant d'un rhumatisme subit : je voudrais savoir de tout et je suis trop loin sans doute pour en être instruit jusqu'à ce que nous nous revoyions, si même alors je serais jamais mis au courant. Du reste, ce sont ses affaires : j'en sais quelque chose mais seult [seulement] d'une façon indirecte. Je suis donc comme toi, disposé à respecter ce qu'il fait de mystère.
Je suis sans nouvelles de Julienne et c'est par toi que j'apprends les doings [agissements] de Maman. Tu ne me dis rien d'Alexandre. Notre maison se bâtit avec la lenteur des maisons, et je reprends lentement la santé et l'activité d'esprit. Tu ne me dis non plus rien de ta santé, et j'en suis réduit aux hypothèses pour le ménage de vous. Je ne t'en aime pas moins.
Antoine d'Abbadie
Ma chère Eliza,
J'étais absent pour donner mes prix basques annuels quand j'ai reçu ta lettre du 9. Epuisée par trop d'énergie dans Paris, ma femme est tombée malade en arrivant ici. Elle est mieux maintenant, mais pas assez pour faire 5 kilomètres à pied (distance de l'église) ni même à cheval, de sorte qu'elle est encore privée de la messe depuis son arrivée ici. L'état des chemins pour lesquels j'ai dépensé tant d'argent, de paroles, et de lettres et visites, est encore tel que notre voiture est, depuis plus d'un an, un meuble inutile. Je ne vois pas encore de solution ni d'amélioration prochaine soit pour la santé de ma femme soit pour la réparation des chemins.
Je sais en effet une partie des intentions d'Arnauld qui est à Paris, à ce qu'il paraît, et encore souffrant d'un rhumatisme subit : je voudrais savoir de tout et je suis trop loin sans doute pour en être instruit jusqu'à ce que nous nous revoyions, si même alors je serais jamais mis au courant. Du reste, ce sont ses affaires : j'en sais quelque chose mais seult [seulement] d'une façon indirecte. Je suis donc comme toi, disposé à respecter ce qu'il fait de mystère.
Je suis sans nouvelles de Julienne et c'est par toi que j'apprends les doings [agissements] de Maman. Tu ne me dis rien d'Alexandre. Notre maison se bâtit avec la lenteur des maisons, et je reprends lentement la santé et l'activité d'esprit. Tu ne me dis non plus rien de ta santé, et j'en suis réduit aux hypothèses pour le ménage de vous. Je ne t'en aime pas moins.
Antoine d'Abbadie
Bibliographie
- DELPECH V., Le château d'Abbadia à Hendaye: le monument idéal d'Antoine d'Abbadie, 3 volumes, thèse de doctorat d'Histoire de l'art, Université de Pau et des Pays de l'Adour, 2012.