Lettre à Elizabeth Thompson (1856)
Généalogie du document
Fonds d'appartenance : Archives du château d'Abbadia. Site d'Hendaye Nom du propriétaire du fonds : Académie des SciencesInventaire d'appartenance : Volume de copies de lettres G Référence inventaire d'appartenance : Volume de copies de lettres G
Détails sur le document
Référence : Volume de copies de lettres G, fol. 351Auteur : Antoine d'Abbadie
Description physique : Correspondance
Format du document : non renseigné
Langues du document :
Description du document
Présentation
Antoine d'Abbadie écrivit à sa mère, Elizabeth Thompson d'Abbadie, en septembre 1856, quelques semaines après avoir eu contact avec le prince Louis-Lucien Bonaparte. Cette lettre est rédigée en anglais, langue utilisée entre la matriarche irlandaise et ses enfants. Plus courte qu'à l'accoutumée, elle témoigne de l'emploi du temps chargé de d'Abbadie, mais elle aborde cependant les habituels sujets, variés, de leur vie privée.
D'Abbadie évoque d'abord sa rencontre avec son frère Charles aux fêtes du village d'Urrugne, où il a instauré depuis cinq ans des concours de pelote et de poésie basques. Mais la lettre a pour principal objet la visite prochaine d'Elizabeth Thompson auprès de ses fils au Pays basque, et plus précisément en la propriété de Charles au château d'Etchaux, situé à Saint-Etienne-de-Baïgorry. D'Abbadie lui fait part de maintes indications pour s'assurer des bonnes conditions de son voyage en train depuis Paris, qui dure quatorze heures jusqu'à Bordeaux et quelques heures supplémentaires jusqu'à Bayonne.
Entre autres indications, il informe sa mère de son voyage en Navarre aux côtés du prince Louis-Lucien Bonaparte afin d'étudier les formes de la langue basque dans cette province. Les relations avec le couple impérial sont encore d'actualité, mais l'ultime ligne de la lettre, évoquant la dernière audience auprès de l'Empereur, révèle déjà une prise de distance entre Napoléon III et d'Abbadie.
Bien que synthétique, cette lettre illustre les relations entre le savant et sa mère, à laquelle il rendait compte de tout, que ce soit du point de vue de ses activités scientifiques ou de ses affaires intimes. La traduction vers le français opte pour le vouvoiement qui, d'après les documents d'archives familiaux, était de rigueur, correspondant à une certaine éducation et aux us de la haute-société.
D'Abbadie évoque d'abord sa rencontre avec son frère Charles aux fêtes du village d'Urrugne, où il a instauré depuis cinq ans des concours de pelote et de poésie basques. Mais la lettre a pour principal objet la visite prochaine d'Elizabeth Thompson auprès de ses fils au Pays basque, et plus précisément en la propriété de Charles au château d'Etchaux, situé à Saint-Etienne-de-Baïgorry. D'Abbadie lui fait part de maintes indications pour s'assurer des bonnes conditions de son voyage en train depuis Paris, qui dure quatorze heures jusqu'à Bordeaux et quelques heures supplémentaires jusqu'à Bayonne.
Entre autres indications, il informe sa mère de son voyage en Navarre aux côtés du prince Louis-Lucien Bonaparte afin d'étudier les formes de la langue basque dans cette province. Les relations avec le couple impérial sont encore d'actualité, mais l'ultime ligne de la lettre, évoquant la dernière audience auprès de l'Empereur, révèle déjà une prise de distance entre Napoléon III et d'Abbadie.
Bien que synthétique, cette lettre illustre les relations entre le savant et sa mère, à laquelle il rendait compte de tout, que ce soit du point de vue de ses activités scientifiques ou de ses affaires intimes. La traduction vers le français opte pour le vouvoiement qui, d'après les documents d'archives familiaux, était de rigueur, correspondant à une certaine éducation et aux us de la haute-société.
Transcription
Bordaberry, 1856 Septber [September] 10
My dear Mamma,
I have met yesterday Charles at the village feast here, which has occupied me much & as this month brings many people to the neighbourhood I have been and and so overwhelmed with business that I beg to defer for a few days my letter to Haughton which must be a long one. Charles is going to Etchaux and will await your communication there. The road to Etchaux is from Bayonne and not from Dax. I hope to be at the former place to receive you if you are not there before the 18th, for after due consideration I thought you would be 8 days more in Paris and on the road and have accepted the Prince's invitation to pass 7 days with him in Navarre.
Détroyat the master of the hotel St-Etienne is dead. If you wish not to stop in Bordeaux which I do not like as travellers are greatly imposed upon there, you should take the 8 o'clock train P. M. You then arrive in Bordeaux at 10 A.M. & have an hour to take the train for Bayonne. But I am afraid that it would fatigue you. I hope to give you in person the details of my reception at the Emperor's. I think it was rather cold. With love to Suzy I remain
Your affectionnate son
Anthony
My dear Mamma,
I have met yesterday Charles at the village feast here, which has occupied me much & as this month brings many people to the neighbourhood I have been and and so overwhelmed with business that I beg to defer for a few days my letter to Haughton which must be a long one. Charles is going to Etchaux and will await your communication there. The road to Etchaux is from Bayonne and not from Dax. I hope to be at the former place to receive you if you are not there before the 18th, for after due consideration I thought you would be 8 days more in Paris and on the road and have accepted the Prince's invitation to pass 7 days with him in Navarre.
Détroyat the master of the hotel St-Etienne is dead. If you wish not to stop in Bordeaux which I do not like as travellers are greatly imposed upon there, you should take the 8 o'clock train P. M. You then arrive in Bordeaux at 10 A.M. & have an hour to take the train for Bayonne. But I am afraid that it would fatigue you. I hope to give you in person the details of my reception at the Emperor's. I think it was rather cold. With love to Suzy I remain
Your affectionnate son
Anthony
Traduction
Bordaberry, 1856 septembre 10
Ma chère Maman,
J'ai rencontré Charles hier à la fête du village ici, ce qui m'a beaucoup occupé et, comme ce mois-ci amène de nombreuses personnes dans le voisinage, j'ai été tellement submergé avec les affaires que j'ai demandé à différer de quelques jours ma lettre pour Haughton qui doit être longue. Charles part pour Etchaux et attendra votre communication là-bas. La route pour aller à Etchaux part de Bayonne et non de Dax. J'espère être au premier endroit pour vous accueillir si vous n'êtes pas là avant le 18, parce que, après mûre réflexion, j'ai pensé que vous resteriez 8 jours de plus à Paris et sur la route, et j'ai accepté l'invitation du Prince à passer 7 jours avec lui en Navarre.
Détroyat le directeur de l'hôtel St-Etienne est mort. Si vous ne souhaitez pas vous arrêter à Bordeaux, ce que je n'apprécie pas car les voyageurs y sont formidablement taxés, vous devriez prendre le train de 8h du soir. Vous arrivez alors à Bordeaux à 10h du matin et avez une heure pour prendre le train de Bayonne. Mais j'ai peur que cela vous fatigue. J'espère vous donner en personne les détails de mon audience chez l'Empereur. Je pense que cela était plutôt froid.
Avec bien des choses à Suzy, je reste
Votre affectueux fils
Antoine
Ma chère Maman,
J'ai rencontré Charles hier à la fête du village ici, ce qui m'a beaucoup occupé et, comme ce mois-ci amène de nombreuses personnes dans le voisinage, j'ai été tellement submergé avec les affaires que j'ai demandé à différer de quelques jours ma lettre pour Haughton qui doit être longue. Charles part pour Etchaux et attendra votre communication là-bas. La route pour aller à Etchaux part de Bayonne et non de Dax. J'espère être au premier endroit pour vous accueillir si vous n'êtes pas là avant le 18, parce que, après mûre réflexion, j'ai pensé que vous resteriez 8 jours de plus à Paris et sur la route, et j'ai accepté l'invitation du Prince à passer 7 jours avec lui en Navarre.
Détroyat le directeur de l'hôtel St-Etienne est mort. Si vous ne souhaitez pas vous arrêter à Bordeaux, ce que je n'apprécie pas car les voyageurs y sont formidablement taxés, vous devriez prendre le train de 8h du soir. Vous arrivez alors à Bordeaux à 10h du matin et avez une heure pour prendre le train de Bayonne. Mais j'ai peur que cela vous fatigue. J'espère vous donner en personne les détails de mon audience chez l'Empereur. Je pense que cela était plutôt froid.
Avec bien des choses à Suzy, je reste
Votre affectueux fils
Antoine
Bibliographie
- ABBADIE D'ARRAST G. (d’), Monographie de la famille d’Abbadie d’Arrast, s.n.s.l., 1992.
- DELPECH V., Le château d'Abbadia à Hendaye: le monument idéal d'Antoine d'Abbadie, 3 volumes, thèse de doctorat d'Histoire de l'art, Université de Pau et des Pays de l'Adour, 2012.