Lettre d'Edmond Duthoit (oct. 1864)
Généalogie du document
Fonds d'appartenance : Archives du château d'Abbadia. Site d'Hendaye Nom du propriétaire du fonds : Académie des SciencesInventaire d'appartenance : Carton Construction du Château Référence inventaire d'appartenance : Carton Construction du Château
Détails sur le document
Référence : CCC, pièce n°54Auteur : Edmond Duthoit
Description physique : Correspondance
Format du document : Un feuillet recto verso
Langues du document :
Description du document
Présentation
Edmond Duthoit adressa cette lettre à Antoine d'Abbadie le 8 octobre 1864, un peu plus de trois mois après sa première visite sur le chantier. Compte-tenu de l'avancement des travaux, il aborde exclusivement le gros oeuvre, dont il assure le suivi d'exécution sous la direction de Viollet-le-Duc. A ce stade, les ouvriers travaillent à la maçonnerie du soubassement de l'édifice.
La trémie dont il est question désigne le conduit du remonte-plat acheminant les plats vers l'office du rez-de-chaussée, près de la salle à manger, car la cuisine est prévue au sous-sol. Cet aménagement nécessite un espace vertical débutant à l'intérieur des murs du niveau des caves. L'évocation du citerneau, quant à elle, concerne vraisemblablement la citerne de récupération des eaux.
Du point de vue du gros oeuvre, Duthoit anticipe déjà la construction des charpentes, car les bois que d'Abbadie souhaitent utiliser lui appartiennent et nécessitent donc un traitement, qu'il éviterait en utilisant les bois du commerce.
Etant donné que le chantier en est encore à ses débuts, certaines questions préalables ou administratives sont encore d'actualité, comme le remaniement de certains détails à l'initiative de d'Abbadie, ou bien la rédaction du devis effectué en fonction du coût et du volume des matériaux disponibles près du chantier.
La modification évoquée par Duthoit concerne le plan de la bibliothèque, où d'Abbadie opte finalement pour une seule salle, plus majestueuse que les deux pièces attenantes initialement commandées. L'architecte se permet à ce sujet une remontrance franche quant aux changements dont le commanditaire prend la responsabillité trop souvent. Celui-ci se révèle en effet impliqué au point de toujours vouloir assurer le contrôle du chantier en lieu et place des hommes de métier, ce qui n'est toléré ni par Duthoit ni par Viollet-le-Duc.
Ce document illustre les échanges nombreux et prolixes qui eurent lieu entre Duthoit et d'Abbadie, particulièrement dans cette phase fondamentale de gros oeuvre. L'architecte oriente le maître d'ouvrage avec une grande lucidité mais en se référant toujours à son supérieur, Viollet-le-Duc, dans le cas de sujets éventuellement litigieux.
La trémie dont il est question désigne le conduit du remonte-plat acheminant les plats vers l'office du rez-de-chaussée, près de la salle à manger, car la cuisine est prévue au sous-sol. Cet aménagement nécessite un espace vertical débutant à l'intérieur des murs du niveau des caves. L'évocation du citerneau, quant à elle, concerne vraisemblablement la citerne de récupération des eaux.
Du point de vue du gros oeuvre, Duthoit anticipe déjà la construction des charpentes, car les bois que d'Abbadie souhaitent utiliser lui appartiennent et nécessitent donc un traitement, qu'il éviterait en utilisant les bois du commerce.
Etant donné que le chantier en est encore à ses débuts, certaines questions préalables ou administratives sont encore d'actualité, comme le remaniement de certains détails à l'initiative de d'Abbadie, ou bien la rédaction du devis effectué en fonction du coût et du volume des matériaux disponibles près du chantier.
La modification évoquée par Duthoit concerne le plan de la bibliothèque, où d'Abbadie opte finalement pour une seule salle, plus majestueuse que les deux pièces attenantes initialement commandées. L'architecte se permet à ce sujet une remontrance franche quant aux changements dont le commanditaire prend la responsabillité trop souvent. Celui-ci se révèle en effet impliqué au point de toujours vouloir assurer le contrôle du chantier en lieu et place des hommes de métier, ce qui n'est toléré ni par Duthoit ni par Viollet-le-Duc.
Ce document illustre les échanges nombreux et prolixes qui eurent lieu entre Duthoit et d'Abbadie, particulièrement dans cette phase fondamentale de gros oeuvre. L'architecte oriente le maître d'ouvrage avec une grande lucidité mais en se référant toujours à son supérieur, Viollet-le-Duc, dans le cas de sujets éventuellement litigieux.
Transcription
Texte d'Antoine d'Abbadie:
Rép. (Réponse), 1864, 8re (Octobre), 8
Texte d'Edmond Duthoit:
Monsieur,
Je vous envoie ci-joint les dessins de la trémie demandée. Percez ou non le mur, il est très facile de faire en sorte que les voûtes n'aient pas à en souffrir. Ne considérez donc que votre propre commodité.
La plaque de tôle du citerneau ne se placera que lorsque la maçonnerie sera terminée et bien sèche. Cette plaque monte et descend comme une vanne par le regard ménagé à cet effet et indiqué dans le dessin que vous avez remis à M. Darrigol.
Veuillez vous assurer que ce dessin a été exactement suivi, autrement il pourrait se faire que la plaque se trouvât trop large ou trop étroite et il sera toujours plus facile de remédier à cela à Paris que partout ailleurs.
Je n'ai pas à discuter l'opportunité du nouveau changement que vous apportez aux plans adoptés, mais je le regrette vivement.
J'en ferai part demain à M. Viollet en le priant de vous faire faire de suite les dessins que vous demandez et dont il m'est impossible de m'occuper de suite.
Je compte recevoir lundi ou mardi le devis. Je le vérifierai mais il sera parfaitement inutile si vous ne cessez de faire et de défaire.
Si vous tenez à exploiter vos bois, il est à peu près temps de les couper. Vous les laisserez plonger dans l'eau pendant deux à trois mois, mais malgré cette précaution, ils ne seront bons à être mis en oeuvre que dans 18 mois ou encore même 2 ans. Il y aurait avantage, c'est l'avis de M. Viollet, à n'employer que des sapins du Nord très suffisants pour la charpente et les planchers.
J'ai l'honneur d'être, Monsieur, votre tout dévoué serviteur.
E. Duthoit
35 rue Jacob
Paris samedi soir
Rép. (Réponse), 1864, 8re (Octobre), 8
Texte d'Edmond Duthoit:
Monsieur,
Je vous envoie ci-joint les dessins de la trémie demandée. Percez ou non le mur, il est très facile de faire en sorte que les voûtes n'aient pas à en souffrir. Ne considérez donc que votre propre commodité.
La plaque de tôle du citerneau ne se placera que lorsque la maçonnerie sera terminée et bien sèche. Cette plaque monte et descend comme une vanne par le regard ménagé à cet effet et indiqué dans le dessin que vous avez remis à M. Darrigol.
Veuillez vous assurer que ce dessin a été exactement suivi, autrement il pourrait se faire que la plaque se trouvât trop large ou trop étroite et il sera toujours plus facile de remédier à cela à Paris que partout ailleurs.
Je n'ai pas à discuter l'opportunité du nouveau changement que vous apportez aux plans adoptés, mais je le regrette vivement.
J'en ferai part demain à M. Viollet en le priant de vous faire faire de suite les dessins que vous demandez et dont il m'est impossible de m'occuper de suite.
Je compte recevoir lundi ou mardi le devis. Je le vérifierai mais il sera parfaitement inutile si vous ne cessez de faire et de défaire.
Si vous tenez à exploiter vos bois, il est à peu près temps de les couper. Vous les laisserez plonger dans l'eau pendant deux à trois mois, mais malgré cette précaution, ils ne seront bons à être mis en oeuvre que dans 18 mois ou encore même 2 ans. Il y aurait avantage, c'est l'avis de M. Viollet, à n'employer que des sapins du Nord très suffisants pour la charpente et les planchers.
J'ai l'honneur d'être, Monsieur, votre tout dévoué serviteur.
E. Duthoit
35 rue Jacob
Paris samedi soir
Bibliographie
- DELPECH V., Le château d'Abbadia à Hendaye: le monument idéal d'Antoine d'Abbadie, 3 volumes, thèse de doctorat d'Histoire de l'art, Université de Pau et des Pays de l'Adour, 2012.
- FOURREL DE FRETTES S., Le château d’Abbadia (1857-1879), mémoire de maîtrise d’Histoire de l’art contemporain, Université Michel de Montaigne-Bordeaux III, 1994.