Lettre d'Edmond Duthoit (16 nov. 1867)
Généalogie du document
Fonds d'appartenance : Archives du château d'Abbadia. Site d'Hendaye Nom du propriétaire du fonds : Académie des SciencesInventaire d'appartenance : Carton Construction du Château Référence inventaire d'appartenance : Carton Construction du Château
Détails sur le document
Référence : CCC, pièce n°76Auteur : Edmond Duthoit
Description physique : Correspondance
Format du document : Un double feuillet
Langues du document :
Description du document
Présentation
Edmond Duthoit rédigea cette lettre à l'attention d'Antoine d'Abbadie le 16 novembre 1867. Les maçonneries sont quasiment achevées en ce qui concerne l'habitation, tandis que celles de la chapelle sont encore à réaliser. L'architecte assure, conformément aux ordres de son supérieur, Viollet-le-Duc, le suivi de l'exécution des plans et élévations.
Au vu de l'état d'avancement du gros oeuvre, il est désormais possible de traiter le sujet des menuiseries destinées à combler les baies et à constituer, donc, les ouvertures de l'édifice. Ce sujet très technique occupe une grande partie du document, Duthoit prenant le temps de justifier les dessins indicatifs envoyés préalablement à l'appui d'un croquis. En tant qu'architecte, il se doit d'anticiper les impacts de l'environnement sur la construction, en l'occurrence, ceux de l'humidité constituant le principal inconvénient de la situation d'Abbadia.
Par ailleurs, le gros oeuvre étant en cours d'exécution, architecte et commanditaire commencent à s'intéresser à la conception du mobilier. Ici Duthoit s'attarde sur un lit, non identifié. Peut-être s'agit-il de celui de la chambre de la Tour, seul lit dont la tête est ornée d'une inscription, puisque l'architecte consent à l'agrémenter d'une phrase sculptée. Il indique toutefois un impératif révélateur de l'école de pensée viollet-le-ducienne, fondée sur le rationalisme, car l'inscription doit, selon lui, "se rapporter" à sa localisation, c'est-à-dire à la fonction de la pièce ou du meuble.
D'autres sujets sont encore en attente, parmi lesquels l'escalier d'honneur, les escaliers et les cheminées, qui nécessitent du temps d'étude et de réflexion. En effet, la dernière remarque de Duthoit démontre clairement sa démarche rationnelle et archéologique, emboîtant le pas aux enseignements de Viollet-le-Duc. Il ne s'agit ni pour le maître ni pour l'élève de composer un pastiche illusoire tel qu'il s'en répand dans l'architecture néogothique plus académique, mais bien de proposer un projet fidèle, du point de vue de la structure et de l'ornement, à la réalité historique.
Cette lettre témoigne de la richesse des échanges entre le maître d'oeuvre et son commanditaire, ainsi que de leurs attitudes respectives sur le chantier consistant en une écoute attentive et experte pour Duthoit, et en un investissement souvent interventionniste pour d'Abbadie.
Au vu de l'état d'avancement du gros oeuvre, il est désormais possible de traiter le sujet des menuiseries destinées à combler les baies et à constituer, donc, les ouvertures de l'édifice. Ce sujet très technique occupe une grande partie du document, Duthoit prenant le temps de justifier les dessins indicatifs envoyés préalablement à l'appui d'un croquis. En tant qu'architecte, il se doit d'anticiper les impacts de l'environnement sur la construction, en l'occurrence, ceux de l'humidité constituant le principal inconvénient de la situation d'Abbadia.
Par ailleurs, le gros oeuvre étant en cours d'exécution, architecte et commanditaire commencent à s'intéresser à la conception du mobilier. Ici Duthoit s'attarde sur un lit, non identifié. Peut-être s'agit-il de celui de la chambre de la Tour, seul lit dont la tête est ornée d'une inscription, puisque l'architecte consent à l'agrémenter d'une phrase sculptée. Il indique toutefois un impératif révélateur de l'école de pensée viollet-le-ducienne, fondée sur le rationalisme, car l'inscription doit, selon lui, "se rapporter" à sa localisation, c'est-à-dire à la fonction de la pièce ou du meuble.
D'autres sujets sont encore en attente, parmi lesquels l'escalier d'honneur, les escaliers et les cheminées, qui nécessitent du temps d'étude et de réflexion. En effet, la dernière remarque de Duthoit démontre clairement sa démarche rationnelle et archéologique, emboîtant le pas aux enseignements de Viollet-le-Duc. Il ne s'agit ni pour le maître ni pour l'élève de composer un pastiche illusoire tel qu'il s'en répand dans l'architecture néogothique plus académique, mais bien de proposer un projet fidèle, du point de vue de la structure et de l'ornement, à la réalité historique.
Cette lettre témoigne de la richesse des échanges entre le maître d'oeuvre et son commanditaire, ainsi que de leurs attitudes respectives sur le chantier consistant en une écoute attentive et experte pour Duthoit, et en un investissement souvent interventionniste pour d'Abbadie.
Transcription
Texte d'Edmond Duthoit:
Amiens, 16 9re (Novembre) 1867
Texte d'Antoine d'Abbadie:
Rép. (répondu) 18 id. (idem))
Texte d'Edmond Duthoit:
Monsieur,
Les profils de menuiserie que j'ai eu l'honneur de vous envoyer ne sont point définitifs mais seulement des renseignements pour vous faciliter la discussion des pièces avec l'entrepreneur que vous allez choisir. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce qu'il donne lieu à des observations. Toutefois, je ne peux accepter que celle qui a rapport à la difficulté d'exécution d'exécution [sic] du canal V. La nécessité de ce canal est absolue chez vous. Il est destiné à recevoir les eaux ou la buée qui coulent le long des vitres à l'intérieur. L'eau est rejettoyée à l'extérieur par de petits canaux percés aux extrémités près du tableau de la fenêtre de sorte que l'eau de ces canaux de fenêtre descend [ill.]. Je vous envoie un nouveau profil qui vous satisfera sans doute. Il vous fera comprendre le jeu de ce système. Je n'ai fait rentré à l'intérieur le canal V du premier croquis que pour éviter une trop gde [grande] saillie à l'extérieur. La languette mn n'a rien à craindre. Elle est défendue par le bandeau qui surmonte les boiseries.
[Croquis du profil et de la languette mn]
Dans ma première pensée, l'écusson du lit devait être accompagné par le cours de vigne, mais rien n'empêche de le faire aller avec une inscription en choisissant un texte qui s'y rapporte.
Les panneaux à dispositions géométriques coûtent plus du triple des panneaux à parchemins. Ils sont d'un effet beaucoup plus riches. Il n'y a que la question d'argent qui me ferait adopter les parchemins.
Les pieds du lit sont semblables au côté et la tête, si le lit n'est pas placé contre une muraille [ill.] ornée des panneaux à parchemins.
Je n'ai pas étudier de nouveau le projet d'escalier. Je ne puis donc vous répondre pertinemment au sujet des changements que je puis apporter et que forcément j'y apporterai en l'étudiant.
Je fais la demande d'une fenêtre bois et vitres pour le vestibule. Les petits bois sont là pour donner plus de raïde au châssis.
Quant aux cheminées et au buffet, je désire vous envoyer des dessins sérieux. Ne me pressez donc pas trop car je serais obliger pour vous satisfaire de négliger les recherches et les études que ces travaux archéologiques exigent.
Je suis avec un profond respect,
Monsieur,
Votre très humble et obéissant serviteur.
E. Duthoit
Amiens, 16 9re (Novembre) 1867
Texte d'Antoine d'Abbadie:
Rép. (répondu) 18 id. (idem))
Texte d'Edmond Duthoit:
Monsieur,
Les profils de menuiserie que j'ai eu l'honneur de vous envoyer ne sont point définitifs mais seulement des renseignements pour vous faciliter la discussion des pièces avec l'entrepreneur que vous allez choisir. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce qu'il donne lieu à des observations. Toutefois, je ne peux accepter que celle qui a rapport à la difficulté d'exécution d'exécution [sic] du canal V. La nécessité de ce canal est absolue chez vous. Il est destiné à recevoir les eaux ou la buée qui coulent le long des vitres à l'intérieur. L'eau est rejettoyée à l'extérieur par de petits canaux percés aux extrémités près du tableau de la fenêtre de sorte que l'eau de ces canaux de fenêtre descend [ill.]. Je vous envoie un nouveau profil qui vous satisfera sans doute. Il vous fera comprendre le jeu de ce système. Je n'ai fait rentré à l'intérieur le canal V du premier croquis que pour éviter une trop gde [grande] saillie à l'extérieur. La languette mn n'a rien à craindre. Elle est défendue par le bandeau qui surmonte les boiseries.
[Croquis du profil et de la languette mn]
Dans ma première pensée, l'écusson du lit devait être accompagné par le cours de vigne, mais rien n'empêche de le faire aller avec une inscription en choisissant un texte qui s'y rapporte.
Les panneaux à dispositions géométriques coûtent plus du triple des panneaux à parchemins. Ils sont d'un effet beaucoup plus riches. Il n'y a que la question d'argent qui me ferait adopter les parchemins.
Les pieds du lit sont semblables au côté et la tête, si le lit n'est pas placé contre une muraille [ill.] ornée des panneaux à parchemins.
Je n'ai pas étudier de nouveau le projet d'escalier. Je ne puis donc vous répondre pertinemment au sujet des changements que je puis apporter et que forcément j'y apporterai en l'étudiant.
Je fais la demande d'une fenêtre bois et vitres pour le vestibule. Les petits bois sont là pour donner plus de raïde au châssis.
Quant aux cheminées et au buffet, je désire vous envoyer des dessins sérieux. Ne me pressez donc pas trop car je serais obliger pour vous satisfaire de négliger les recherches et les études que ces travaux archéologiques exigent.
Je suis avec un profond respect,
Monsieur,
Votre très humble et obéissant serviteur.
E. Duthoit
Bibliographie
- DELPECH V., Le château d'Abbadia à Hendaye: le monument idéal d'Antoine d'Abbadie, 3 volumes, thèse de doctorat d'Histoire de l'art, Université de Pau et des Pays de l'Adour, 2012.
- FOURREL DE FRETTES S., Le château d’Abbadia (1857-1879), mémoire de maîtrise d’Histoire de l’art contemporain, Université Michel de Montaigne-Bordeaux III, 1994.