Lettre de Virginie d'Abbadie (7 fév. 1868)
Généalogie du document
Fonds d'appartenance : Archives du château d'Abbadia. Site d'Hendaye Nom du propriétaire du fonds : Académie des SciencesInventaire d'appartenance : Carton Construction du Château Référence inventaire d'appartenance : Carton Construction du Château
Détails sur le document
Référence : CCC, pièce n°21Auteur : Virginie d'Abbadie
Description physique : Correspondance. Brouillon.
Format du document : Un feuillet recto verso
Langues du document :
Description du document
Présentation
Cette lettre fut rédigée par Virginie d'Abbadie à l'attention d'Edmond Duthoit le 7 février 1868, quatre ans après le début du chantier. Elle se permet cette liberté en raison de l'absence de son époux, qui l'autorise à écrire aux architectes, nécessité de consentement qui est symptomatique de convenances propres à certaines élites conservatrices du XIXe siècle.
Au début de l'année 1868, le gros oeuvre, particulièrement la maçonnerie et la charpenterie, est presque entièrement achevé. Si bien que les sujets abordés par Virginie d'Abbadie concernent surtout le second oeuvre. Elle s'intéresse notamment au grand salon, où elle anticipe la durée d'exécution de la cheminée en pierre. Elle évoque en outre le bestiaire de l'escalier d'honneur, qui fera également l'objet d'échanges avec Viollet-le-Duc. On devine d'ailleurs que, à l'emplacement de l'actuel tigre rugissant sculpté, avait été initialement prévu un singe, bête a priori plus fantaisiste que le félin, habitué des bestiaires gothiques.
Par ailleurs, Virginie demande un dessin des pentures du château de Pierrefonds, dont Duthoit lui fera immédiatement parvenir un croquis. Le couple d'Abbadie et l'architecte ont effet visité cet édifice en 1867, alors en cours de restauration par Viollet-le-Duc, afin d'y trouver l'inspiration pour leur propre projet. Ce château de l'Oise devint en effet un véritable modèle en terme d'architecture néogothique civile durant la fin du XIXe siècle.
Cette lettre démontre les capacités de Virginie d'Abbadie à seconder son époux voire à gérer un chantier d'une telle ampleur. Elle s'avère parfaitement à la hauteur, ce qui peut surprendre de la part d'une femme de cette époque. Son rôle dans le chantier d'Abbadia va d'ailleurs s'intensifier à mesure que le gros oeuvre s'achève pour laisser place à l'ornementation, la décoration et le mobilier.
Au début de l'année 1868, le gros oeuvre, particulièrement la maçonnerie et la charpenterie, est presque entièrement achevé. Si bien que les sujets abordés par Virginie d'Abbadie concernent surtout le second oeuvre. Elle s'intéresse notamment au grand salon, où elle anticipe la durée d'exécution de la cheminée en pierre. Elle évoque en outre le bestiaire de l'escalier d'honneur, qui fera également l'objet d'échanges avec Viollet-le-Duc. On devine d'ailleurs que, à l'emplacement de l'actuel tigre rugissant sculpté, avait été initialement prévu un singe, bête a priori plus fantaisiste que le félin, habitué des bestiaires gothiques.
Par ailleurs, Virginie demande un dessin des pentures du château de Pierrefonds, dont Duthoit lui fera immédiatement parvenir un croquis. Le couple d'Abbadie et l'architecte ont effet visité cet édifice en 1867, alors en cours de restauration par Viollet-le-Duc, afin d'y trouver l'inspiration pour leur propre projet. Ce château de l'Oise devint en effet un véritable modèle en terme d'architecture néogothique civile durant la fin du XIXe siècle.
Cette lettre démontre les capacités de Virginie d'Abbadie à seconder son époux voire à gérer un chantier d'une telle ampleur. Elle s'avère parfaitement à la hauteur, ce qui peut surprendre de la part d'une femme de cette époque. Son rôle dans le chantier d'Abbadia va d'ailleurs s'intensifier à mesure que le gros oeuvre s'achève pour laisser place à l'ornementation, la décoration et le mobilier.
Transcription
Monsieur,
J'ai dit à M. d'A. (d'Abbadie) que vous aviez l'obligeance de chercher dans Paris un menuisier qui peut faire les croisées d'Abbadia à meilleur compte que celui de Bordeaux.
M. d'Abbadie me charge de vous dire qu'il ne veut en aucun façon vous donner cette peine et employer votre temps si précieux pour choses (sic) bien autrement importantes. Il s'arrangera lui-même avec les ouvriers du pays.
Les choses que j'avais oubliées sont:
1° la cheminée de pierre du salon qui sera longue à faire et que nous désirerions bien mettre en train le plus vite possible. Il y a qq fois (quelquefois) beaucoup de tems (temps) employé à faire venir sur place la pierre nécessaire pour cela. Puis la boiserie du salon, ainsi que les deux portes, je ne les voudrais pas trop riches.
Verriez-vous un inconvénient à remplacer le singe poitrinaire par un chat ayant une posture en sens inverse de son compagnon qui me plaît tant. Les 2 bêtes auraient l'air de se menacer au-dessus de la porte.
Soyez assez bon, je vous prie, pour nous envoyez le détail d'un volet et s'il est possible le dessin des pentures de Pierrefonds.
Nous désirerions aussi avoir qq (quelques) dessins de serrures, clous etc. afin de nous renseigner à Paris tout à fait avant notre loisir d'aller en Espagne.
Mr. d'A. (d'Abbadie) ne veut rien décider encore pour les vitraux.
Ce 7 février
J'ai dit à M. d'A. (d'Abbadie) que vous aviez l'obligeance de chercher dans Paris un menuisier qui peut faire les croisées d'Abbadia à meilleur compte que celui de Bordeaux.
M. d'Abbadie me charge de vous dire qu'il ne veut en aucun façon vous donner cette peine et employer votre temps si précieux pour choses (sic) bien autrement importantes. Il s'arrangera lui-même avec les ouvriers du pays.
Les choses que j'avais oubliées sont:
1° la cheminée de pierre du salon qui sera longue à faire et que nous désirerions bien mettre en train le plus vite possible. Il y a qq fois (quelquefois) beaucoup de tems (temps) employé à faire venir sur place la pierre nécessaire pour cela. Puis la boiserie du salon, ainsi que les deux portes, je ne les voudrais pas trop riches.
Verriez-vous un inconvénient à remplacer le singe poitrinaire par un chat ayant une posture en sens inverse de son compagnon qui me plaît tant. Les 2 bêtes auraient l'air de se menacer au-dessus de la porte.
Soyez assez bon, je vous prie, pour nous envoyez le détail d'un volet et s'il est possible le dessin des pentures de Pierrefonds.
Nous désirerions aussi avoir qq (quelques) dessins de serrures, clous etc. afin de nous renseigner à Paris tout à fait avant notre loisir d'aller en Espagne.
Mr. d'A. (d'Abbadie) ne veut rien décider encore pour les vitraux.
Ce 7 février
Bibliographie
- DELPECH V., Le château d'Abbadia à Hendaye: le monument idéal d'Antoine d'Abbadie, 3 volumes, thèse de doctorat d'Histoire de l'art, Université de Pau et des Pays de l'Adour, 2012.
- FOURREL DE FRETTES S., Le château d’Abbadia (1857-1879), mémoire de maîtrise d’Histoire de l’art contemporain, Université Michel de Montaigne-Bordeaux III, 1994.