Lettre à Virginie d'Abbadie (1864)
Généalogie du document
Fonds d'appartenance : Archives du château d'Abbadia. Site d'Hendaye Nom du propriétaire du fonds : Académie des SciencesInventaire d'appartenance : Volume de copies de lettres L Référence inventaire d'appartenance : Volume de copies de lettres L
Détails sur le document
Référence : Volume de copies de lettres L, fol. 278Auteur : Antoine d'Abbadie
Description physique : Correspondance
Format du document : non renseigné
Langues du document :
Description du document
Présentation
Antoine d'Abbadie a rédigé cette lettre le 28 juin 1864, alors qu'il se trouvait lui-même à Aragorri et que son épouse effectuait un séjour en famille. Depuis quelques semaines, il avait confié dans l'urgence son projet d'habitation à Eugène-E. Viollet-le-Duc, suite à la démission d'Auguste-J. Magne.
Viollet-le-Duc mandata assez rapidement son collaborateur Edmond Duthoit afin qu'il dresse un état des lieux du chantier et qu'il apporte son aide et son expertise au surveillant de travaux Darrigol, engagé à cette fonction depuis le mois d'avril.
D'Abbadie rend compte à son épouse de la première journée passée par Duthoit sur le chantier. Le bras droit de Viollet-le-Duc a, semble-t-il, bien mesuré l'état d'urgence dans lequel est plongée cette construction, car il apporte des solutions immédiates et pertinentes aux yeux du très exigeant d'Abbadie, telles que la surélévation du niveau du rez-de-chaussée pour accélérer l'extraction des roches préalable à l'implantation de l'édifice. Duthoit intervient de manière très concrète et prend les choses en main dans tous les domaines de la construction, ce qui paraît nouveau pour d'Abbadie, dont les architectes rencontraient jusque-là bien des difficultés à répondre à ses attentes. Outre son étude du chantier, l'architecte amiénois ira en effet étudier les carrières locales et les prix des fournisseurs de matériaux, puis dressera une synthèse détaillée de ses observations à l'attention de son maître, qui procède aux décisions finales.
Dans son compte-rendu, le savant évoque également les avancées des travaux de l'observatoire, qui, quoique démarré depuis environ six ans, ne permettent toujours pas d'y exercer une quelconque activité puisque l'astronome s'apprête seulement à y installer ses instruments.
La tonalité de la lettre démontre la tendresse avec laquelle d'Abbadie s'adresse à son épouse, en ayant recours notamment à ce doux diminutif "Amie". Il l'informe de tout évènement, y compris anodin, se produisant au sein de leur propriété durant son absence. Lorsqu'il aborde la construction de leur demeure, cela donne lieu à un authentique journal de chantier.
Viollet-le-Duc mandata assez rapidement son collaborateur Edmond Duthoit afin qu'il dresse un état des lieux du chantier et qu'il apporte son aide et son expertise au surveillant de travaux Darrigol, engagé à cette fonction depuis le mois d'avril.
D'Abbadie rend compte à son épouse de la première journée passée par Duthoit sur le chantier. Le bras droit de Viollet-le-Duc a, semble-t-il, bien mesuré l'état d'urgence dans lequel est plongée cette construction, car il apporte des solutions immédiates et pertinentes aux yeux du très exigeant d'Abbadie, telles que la surélévation du niveau du rez-de-chaussée pour accélérer l'extraction des roches préalable à l'implantation de l'édifice. Duthoit intervient de manière très concrète et prend les choses en main dans tous les domaines de la construction, ce qui paraît nouveau pour d'Abbadie, dont les architectes rencontraient jusque-là bien des difficultés à répondre à ses attentes. Outre son étude du chantier, l'architecte amiénois ira en effet étudier les carrières locales et les prix des fournisseurs de matériaux, puis dressera une synthèse détaillée de ses observations à l'attention de son maître, qui procède aux décisions finales.
Dans son compte-rendu, le savant évoque également les avancées des travaux de l'observatoire, qui, quoique démarré depuis environ six ans, ne permettent toujours pas d'y exercer une quelconque activité puisque l'astronome s'apprête seulement à y installer ses instruments.
La tonalité de la lettre démontre la tendresse avec laquelle d'Abbadie s'adresse à son épouse, en ayant recours notamment à ce doux diminutif "Amie". Il l'informe de tout évènement, y compris anodin, se produisant au sein de leur propriété durant son absence. Lorsqu'il aborde la construction de leur demeure, cela donne lieu à un authentique journal de chantier.
Transcription
Aragorri, 1864 juin 28.
Bonjour, Amie ! je n’ai point encore résolu la question de Charles ici : je pense le faire aujourd’hui. M. Duthoit a passé la journée d’hier avec Darrigol à Hendaye et à Fontarrabie pour y voir les carrières et savoir les prix. Il propose ou de creuser des fouilles encore 80 centimètres pour établir une bonne couche de béton ou, tout en ne fouillant pas davantage, d’élever le rez-de-chaussée de 45 centimètres. Cela ferait 3 marches de plus au porche, qui n’en serait que plus joli ainsi et le grand avantage c’est que les lucarnes de la salle des domestiques, du fruitier etc. auraient plus de 10 cm de hauteur qu’il faudrait leur conserver dans le système actuel. Elles auraient 30 à 40 cm (je crois) et le sous-sol n’en serait que plus aéré.
Il faudrait alors 3 marches pour descendre du rez-de-chaussée à l’observatoire, ce qui me serait égal, ou mieux, je l’aimerais davantage. Quant au cordon, il est trop épais pour [régner] tout autour dans sa dimension actuelle, et jurerait ainsi dans la tour, comme étant trop près de terre pour sa dimension choisie du reste assez bien quant à la saillie de l’observatoire au bout du terrain. Vu cette épaisseur trop grande, il faudra un cordon plus mince du 1/3 et le décrocher en l’interrompant par deux contreforts du côté de l’observatoire. Le cordon ne s’oppose donc à l’élévation proposée du rez-de-chaussée. J’attends votre avis là-dessus. Cet exhaussement serait plus économique à cause des fouilles qu’on supprimerait.
L’observatoire est sec en dedans : j’espère y placer mes lunettes aujourd’hui à moins de malheur. J’ai ici dans le jardin de bonnes fraises et quelques poires cotonneuses. On promène, Amie. Les maçons manquent jusqu’à présent. Mr D. [Duthoit] trouve le [ill.]parement de l’observatoire affreux et ses murs mal construits. Je devrai aller avec lui à Bayonne pour savoir les prix des fournisseurs. Les tamarix poussent et la mer a enlevé les [ill.] du chemin de Luhaya.
A demain, Amie, et ne vous fatiguez pas trop.
A. d'A.
Bonjour, Amie ! je n’ai point encore résolu la question de Charles ici : je pense le faire aujourd’hui. M. Duthoit a passé la journée d’hier avec Darrigol à Hendaye et à Fontarrabie pour y voir les carrières et savoir les prix. Il propose ou de creuser des fouilles encore 80 centimètres pour établir une bonne couche de béton ou, tout en ne fouillant pas davantage, d’élever le rez-de-chaussée de 45 centimètres. Cela ferait 3 marches de plus au porche, qui n’en serait que plus joli ainsi et le grand avantage c’est que les lucarnes de la salle des domestiques, du fruitier etc. auraient plus de 10 cm de hauteur qu’il faudrait leur conserver dans le système actuel. Elles auraient 30 à 40 cm (je crois) et le sous-sol n’en serait que plus aéré.
Il faudrait alors 3 marches pour descendre du rez-de-chaussée à l’observatoire, ce qui me serait égal, ou mieux, je l’aimerais davantage. Quant au cordon, il est trop épais pour [régner] tout autour dans sa dimension actuelle, et jurerait ainsi dans la tour, comme étant trop près de terre pour sa dimension choisie du reste assez bien quant à la saillie de l’observatoire au bout du terrain. Vu cette épaisseur trop grande, il faudra un cordon plus mince du 1/3 et le décrocher en l’interrompant par deux contreforts du côté de l’observatoire. Le cordon ne s’oppose donc à l’élévation proposée du rez-de-chaussée. J’attends votre avis là-dessus. Cet exhaussement serait plus économique à cause des fouilles qu’on supprimerait.
L’observatoire est sec en dedans : j’espère y placer mes lunettes aujourd’hui à moins de malheur. J’ai ici dans le jardin de bonnes fraises et quelques poires cotonneuses. On promène, Amie. Les maçons manquent jusqu’à présent. Mr D. [Duthoit] trouve le [ill.]parement de l’observatoire affreux et ses murs mal construits. Je devrai aller avec lui à Bayonne pour savoir les prix des fournisseurs. Les tamarix poussent et la mer a enlevé les [ill.] du chemin de Luhaya.
A demain, Amie, et ne vous fatiguez pas trop.
A. d'A.
Bibliographie
- DELPECH V., Le château d'Abbadia à Hendaye: le monument idéal d'Antoine d'Abbadie, 3 volumes, thèse de doctorat d'Histoire de l'art, Université de Pau et des Pays de l'Adour, 2012.