L'armoire de la chambre de la Tour en sortie d'atelier
Généalogie du document
Fonds d'appartenance : Archives du château d'Abbadia. Site de Paris Nom du propriétaire du fonds : Académie des SciencesInventaire d'appartenance : Fonds photographique du château Référence inventaire d'appartenance : Fonds photographique du château d'Abbadia
Détails sur le document
Référence : Fonds photographique, pièce L8Auteur : non renseigné
Description physique : Photographie
Format du document : non renseigné
Langues du document :
Description du document
Présentation
Ce cliché provient du fonds photographique acquis par l'Académie des sciences auprès des descendants de Virginie d'Abbadie en 2007. Il a été réalisé entre 1870 et 1871 par la manufacture prussienne Renaissance, qui exécuta les projets de mobilier d'Edmond Duthoit pour le château d'Abbadia.
Il semble que la manufacture et Duthoit avaient pour habitude d'effectuer ce genre de prise de vue du mobilier en sortie d'atelier dans une perspective de contrôle et de vérification de l'exécution des plans fournis. En l'occurrence, le présent cliché illustre l'armoire de la chambre de la Tour. La bichromie sépia de cette photographie permet d'appréhender avec beaucoup de netteté le travail complexe des sculptures réalisé par les artisans.
Cette armoire a été inspirée par le mobilier gothique publié dans le Dictionnaire du mobilier de Viollet-le-Duc dont Duthoit possédait de nombreuses planches. Elle prend part à l'ensemble mobilier assorti et conçu pour la chambre de la Tour et composé également d'une armoire, d'un secrétaire, d'un lit, d'un prie-dieu, d'un meuble de toilette et d'une cheminée monumentale.
Comme en architecture, chaque élément du meuble, même apparemment ornemental, joue un rôle structurel ou fonctionnel, selon les principes rationalistes viollet-le-duciens. Il se compose d'un socle garni de trois tiroirs, au-dessus duquel s'élève une partie principale à deux battants, encadrée par deux parties latérales symétriques, plus basses, où se superposent des rangements fermés, des tiroirs et des niches. Les pièces de structure sont sculptées finement à l'instar de colonnes architecturales.
Les tiroirs sont ornés de ferronneries composant des courbes et des motifs végétaux, couramment repris par Viollet-le-Duc dans ses travaux architecturaux et décoratifs. Les parties hautes du meuble sont couronnées de frises crénelées ou de remplages, mais aussi de fleurons. Les battants de l'armoire sont, quant à eux, sculptés de motifs à ogives entrelacés résultant de lignes parallèles qui produisent un effet graphique. La colonne centrale, très travaillée, est surmontée de la sculpture d'un pharmacien assis, en train de piler des herbes dans un bol.
En dépit de ses finitions, cette armoire est présentée inachevée. Les artisans ont en effet omis d'y sculpter son inscription en lettrage gothique, qui, en définitive, ne sera jamais exécutée : "Frou-frou varie en chaque pays".
Du point de vue esthétique, l'ensemble est caractéristique du style gothique flamboyant, c'est-à-dire l'expression architecturale médiévale la plus aboutie et la plus tardive. Les méthodes d'assemblage et les matériaux témoignent en revanche du savoir-faire du troisième quart du XIXe siècle, correspondant au Second Empire en France. Les artisans et l'architecte ont en effet opté pour du bois fruitier teinté en noir et pour des méthodes mécaniques et manuelles alliant artisanat et industrie. En dépit de son aspect historiciste, cette armoire constitue donc un exemple pertinent de la décoration contemporaine et du renouveau que souhaitaient y impulser Viollet-le-Duc et ses disciples.
Il semble que la manufacture et Duthoit avaient pour habitude d'effectuer ce genre de prise de vue du mobilier en sortie d'atelier dans une perspective de contrôle et de vérification de l'exécution des plans fournis. En l'occurrence, le présent cliché illustre l'armoire de la chambre de la Tour. La bichromie sépia de cette photographie permet d'appréhender avec beaucoup de netteté le travail complexe des sculptures réalisé par les artisans.
Cette armoire a été inspirée par le mobilier gothique publié dans le Dictionnaire du mobilier de Viollet-le-Duc dont Duthoit possédait de nombreuses planches. Elle prend part à l'ensemble mobilier assorti et conçu pour la chambre de la Tour et composé également d'une armoire, d'un secrétaire, d'un lit, d'un prie-dieu, d'un meuble de toilette et d'une cheminée monumentale.
Comme en architecture, chaque élément du meuble, même apparemment ornemental, joue un rôle structurel ou fonctionnel, selon les principes rationalistes viollet-le-duciens. Il se compose d'un socle garni de trois tiroirs, au-dessus duquel s'élève une partie principale à deux battants, encadrée par deux parties latérales symétriques, plus basses, où se superposent des rangements fermés, des tiroirs et des niches. Les pièces de structure sont sculptées finement à l'instar de colonnes architecturales.
Les tiroirs sont ornés de ferronneries composant des courbes et des motifs végétaux, couramment repris par Viollet-le-Duc dans ses travaux architecturaux et décoratifs. Les parties hautes du meuble sont couronnées de frises crénelées ou de remplages, mais aussi de fleurons. Les battants de l'armoire sont, quant à eux, sculptés de motifs à ogives entrelacés résultant de lignes parallèles qui produisent un effet graphique. La colonne centrale, très travaillée, est surmontée de la sculpture d'un pharmacien assis, en train de piler des herbes dans un bol.
En dépit de ses finitions, cette armoire est présentée inachevée. Les artisans ont en effet omis d'y sculpter son inscription en lettrage gothique, qui, en définitive, ne sera jamais exécutée : "Frou-frou varie en chaque pays".
Du point de vue esthétique, l'ensemble est caractéristique du style gothique flamboyant, c'est-à-dire l'expression architecturale médiévale la plus aboutie et la plus tardive. Les méthodes d'assemblage et les matériaux témoignent en revanche du savoir-faire du troisième quart du XIXe siècle, correspondant au Second Empire en France. Les artisans et l'architecte ont en effet opté pour du bois fruitier teinté en noir et pour des méthodes mécaniques et manuelles alliant artisanat et industrie. En dépit de son aspect historiciste, cette armoire constitue donc un exemple pertinent de la décoration contemporaine et du renouveau que souhaitaient y impulser Viollet-le-Duc et ses disciples.
Bibliographie
- L’art en France sous le Second Empire, catalogue d’exposition, Grand Palais, Philadelphia Museum of Art, 11 mai – 13 août 1979, Réunion des Musées Nationaux, Paris, 1979.
- DELPECH V., Le château d'Abbadia à Hendaye: le monument idéal d'Antoine d'Abbadie, 3 volumes, thèse de doctorat d'Histoire de l'art, Université de Pau et des Pays de l'Adour, 2012.
- VIOLLET-LE-DUC E.-E., Dictionnaire raisonné du mobilier français de l’époque carolingienne à la Renaissance, 6 volumes, Bance, Paris, 1858-1875.